Critique
Le dernier film de Pierre Salvadori est une petite comédie élégante, parfois satirique, sans autre prétention que d'être un agréable divertissement.
Timide serveur dans un hôtel de luxe, Jean (excellent Gad Elmaleh) fait fortuitement la connaissance d'Irène (Audrey Tautou), une jeune et jolie aventurière très intéressée par l'argent et les messieurs friqués. Lorsqu'elle découvre que Jean n'est pas le milliardaire espéré, elle le plaque, vite fait bien fait. Amoureux autant que têtu, Jean fera tout son possible pour la retrouver, n'hésitant pas à adopter le mode de vie des clients des palaces de la Côte d'Azur, et même à devenir le gigolo d'une riche héritière en mal de compagnie. Tout se terminera pour le mieux (pas pour l'héritière, mais pour les deux autres).
Avec HORS DE PRIX, Pierre Salvadori nous offre une comédie légère et rythmée, qui procède souvent par ellipses, et dont l'accompagnement musical, bien choisi, dynamise l'entreprise. L'intrigue entraîne le spectateur dans un monde où tous les moyens sont bons pour se faire une place au soleil. Mélange fait d'égoïsme, de cynisme et d'obsession de l'argent, la petite société dans laquelle évoluent Irène (par choix délibéré) et Jean (par nécessité amoureuse) est pour le moins particulière. Un petit monde peu intéressant où des parasites argentés achètent des gens pour tromper leur solitude. On se croise et l'on s'aime (rapidement), on profite de l'autre, on se quitte et l'on s'humilie (copieusement). Mais le film, c'est vrai, se veut comédie...
Audrey Tautou excelle dans un rôle fantaisiste et parfois gouailleur de personnage assez cruel, sans foi ni loi, capable de passer très vite d'un sentiment à un autre, tout en regardant dans plusieurs directions à la fois.
HORS DE PRIX est ainsi fait de scènes (quelques-unes sont longuettes) et de situations comiques le plus souvent bien maîtrisées et pleines de trouvailles. Les dialogues sont soignés et - c'est à signaler - ne dérapent jamais. Une mise en scène présente et efficace fait de cette comédie un agréable moment de cinéma.
Antoine Rochat