Critique
Lors du dernier Festival de Locarno, ce film a été projeté sur la Piazza Grande à la suite des LUMIERES DU FAUBOURG de Kaurismaki. On comprend donc que ce thriller teinté d'humour macabre ait pu faire rire à certains moments les spectateurs courageux décidés à veiller...
L'hypothèse de travail, pour le réalisateur, était de faire une sorte de DELIVRANCE AU BUREAU. Un groupe d'hommes et de femmes, collaborateurs d'une fabrique d'armes, doit participer à un week-end de motivation dans une région désolée de la Hongrie (les pays de l'ex-bloc soviétique semblent être un biotope privilégié pour les personnages tordus et dérangés...) Ce qui semblait devoir être une sorte de rallye ludique tourne bien vite au cauchemar: le chalet confortable (Severance) où devaient loger les participants s'avère être une bâtisse délabrée et sinistre, perdue dans une sombre forêt (Szeveransz est en fait être le nom d'un ancien camp de la mort situé non loin); le chauffeur du car qui avait pris la fuite après avoir débarqué les aventuriers est retrouvé mort à côté de son véhicule en perdition; la partie de paint ball voit intervenir des tireurs à balles réelles. Les péripéties macabres se succèdent et font apparaître la vraie personnalité des protagonistes.
S'il est vrai qu'on est en plein grand-guignol, qu'on renifle quelques relents à la Monty Python et que certains excès peuvent faire rire (jaune), la complaisance dans la violence et les effets sanglants, même désamorcés par le mauvais goût crasse, restent en travers de la gorge ou risquent la collision frontale avec la nausée. Dans le genre, 13 TZAMETI était autrement plus subtil et efficace.
Daniel Grivel