Président

Affiche Président
Réalisé par Lionel Delplanque
Pays de production France
Année 2005
Durée
Musique Frédéric Talgorn
Genre Thriller
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Jérémie Renier, Claude Rich, Albert Dupontel, Mélanie Doutey, Carlo Brandt
N° cinéfeuilles 532
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Peu après JARDINS D'AUTOMNE, d'Otar Iosseliani, voici un autre film sur le pouvoir. Mais tandis que le premier montrait ce qu'on perd en le gagnant, le second se concentre sur ce qu'on perd pour le gagner. Lionel Delplanque s'explique: ""La perte de l'innocence est au cœur de mon film. Être un idéaliste de 20 ans et devenir un jour président... Comment des années de lutte sans merci au service d'une seule et unique obsession transforment-elles un homme?""

Tous les présidents ont probablement été des adolescents idéalistes, et le président de ce film (Albert Dupontel) en est le symbole. Lui, c'est l'Afrique qui le préoccupe depuis toujours, ce continent dont on pille les richesses en se bouchant le nez. Jeune stagiaire diplomate, il mesurait le gâchis depuis son ambassade. Trente ans plus tard, devenu chef d'Etat et père de Nahéma (Mélanie Doutey), jeune fille candide, il porte à bout de bras la même cause, l'annulation de la dette. Cela ne va pas de soi.

Ce n'est pas un homme pervers que ce président de Lionel Delplanque. C'est un homme résigné. Il demeure fidèle à sa cause, soit, mais parfaitement conscient des compromissions inqualifiables par lesquelles il en paie le prix. Lorsque Mathieu (Jérémie Régnier) tombe amoureux de sa fille et entre à son service, le président hésite entre amitié et rejet parce que le jeune homme lui renvoie son image. Lionel Delplanque et Albert Dupontel ont à leur actif la composition de ce personnage complexe et ambigu. Un homme sincère, convaincu et cependant corrompu. Derrière le grand jeu médiatique, les fastes de l'apparence, le pouvoir est coincé par de multiples contraintes, qu'un président lui-même ne peut desserrer. S'il veut réaliser un idéal, il doit en écraser un autre. Seule lui reste la possibilité de choisir lequel.

Voilà ce que raconte ce film, aidé par le jeu habile de Dupontel et la forte présence de Claude Rich. Plusieurs séquences parlent haut de la dérive médiatique contemporaine, le discours télévisé par exemple, ou le travail du conseiller en images. Toutefois, l'efficacité de PRESIDENT s'érode là où commence la bluette. Anecdotiques, les amours de Mathieu et Nahéma privent le film du recul qui en ferait une œuvre aussi solide que celle d'Otar Iosseliani."

Geneviève Praplan