Das Fräulein

Affiche Das Fräulein
Réalisé par Andrea Staka
Pays de production Allemagne, Suisse
Année 2006
Durée
Genre Drame
Distributeur looknow
Acteurs Mirjana Karanovic, Marija Skaricic
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 531

Critique

Depuis le Festival de Locarno et son Léopard d'Or, Das Fraülein ne quitte pas le faisceau des projecteurs et accumule prix après récompense. Distinction amplement méritée pour un film fort, qui vous prend au cœur sans pathos superflu.

Andrea Staka est née en Suisse en 1973. Passionnée de photographie, elle a étudié le cinéma à la Haute Ecole d'art de Zurich. Avec plusieurs courts métrages et documentaires et, désormais, son premier long métrage de fiction, elle est une cinéaste qui compte.

"Das Fräulein", c'est Ruza, quinquagénaire née à Belgrade qui a émigré dans les années 70 en Suisse. Elle tient un restaurant d'entreprise qu'elle gère avec rigueur, économisant telle une fourmi méticuleuse - pas pour retourner dans sa Serbie natale, sur laquelle elle a tiré un trait, mais pour s'assurer indépendance et sécurité matérielle. Elle est un peu le chat qui s'en va tout seul des Histoires comme ça de Kipling: elle sourit quand elle veut à qui elle veut, mais on sent battre un cœur sous la carapace apparemment insensible. Ce personnage central du film est remarquablement porté par Mirjana Karanovic, qui a notamment joué dans Underground  et dans Papa est en voyage d'affaires; elle est une star dans son pays.

Aux côtés de Ruza, il y a son employée Mila (non moins excellente Ljubica Jovic), sexagénaire qui a émigré avec son mari Ante. Objectif: retourner en Croatie où leur maison est en cours de construction. Mais les fils sont nés en Suisse et bien intégrés: le retour au pays en devient hypothétique.

Et puis survient Ana (talentueuse Marija Skaricic), jeune Bosniaque chamboulée par la guerre qui a gagné la Suisse en auto-stop et qui, après avoir un peu zoné, trouve refuge dans le restaurant de Ruza. Elle apporte de la vie et une diversion finalement bienvenue dans la grisaille quotidienne de ses aînées.

Des personnages secondaires attachants gravitent autour du trio. Et n'oublions pas un personnage important, urbain celui-là: la ville de Zurich, mêlant des visions de métropole anonyme et de bourg campagnard, dans une domination de couleurs froides évoquant les tableaux d'Emilienne Fahrny.

Andrea Staka conduit sa narration avec une grande maîtrise, sachant se montrer elliptique et allusive. On pourrait regretter les traits un peu schématiques des personnages, mais ils servent à centrer Ruza, pivot de l'histoire. Après tout, le film est intitulé Das Fraülein et non pas Trois femmes...

Ces lignes sont écrites près de deux semaines après la vision de presse et pourtant, malgré d'autres projections survenues entre-temps, les images et les sentiments sont encore vivaces. Dans la perspective d'une votation fédérale toute proche, Andrea Staka propose un regard sans préjugés sur l'autre.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 16
Georges Blanc 16
Ancien membre 15
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 14
Maurice Terrail 15