Critique
"Selon Nicole Garcia, Charlie, garçon de 11 ans otage des frasques amoureuses de son père, ""est à la fois un des personnages de l'histoire et l'épicentre de la fable"". Histoire, fable, drame, comédie? Le film choral est un peu tout cela à la fois; il en résulte un caractère décousu, une tendance à aller dans toutes les directions sans en explorer une à fond, une difficulté apparente à trouver une fin, la sensation d'une durée interminable.
Comment en effet rendre compte de l'entrelacs sur trois jours de sept personnages aux destinées extrêmement différentes, de sept vies qui se croisent, se ratent, se frôlent, se percutent? Servie par un beau plateau, moins bien par une prise de son déficiente (heureusement qu'il y avait des sous-titres...), Nicole Garcia offre de butiner dans une palette de saynètes esquissées, et de tenter de saisir l'image d'un tableau pointilliste. Le résultat est peu probant, et l'accueil des festivaliers a été plus frais que le temps régnant sur Cannes...
Daniel Grivel
C'est une histoire d'hommes, six hommes qui ne se connaissent pas ou plus, au moment où chacun dans son coin, traverse une crise existentielle. Ce qui les réunit, c'est une petite ville de Normandie dans laquelle ils se trouvent au moment du film. Et le fil rouge de ces six histoires est le regard de Charlie, 11 ans, qui subit la vie désorganisée de quelques-uns d'entre eux. ""Comment les hommes peuvent se tromper, emprunter une histoire, un rêve, un fantasme qu n'est pas le leur, et comment ils peuvent, dans leur égarement, remonter jusqu'à eux-mêmes"", voilà ce qu'a voulu montrer Nicole Garcia dans ce sixième long métrage.
Le propos est ambitieux. Raconter en même temps plusieurs histoires, dont l'enjeu est l'évolution psychologique des personnages, est une affaire complexe que la réalisatrice réussit plutôt bien. Mais peut-être est-il plus facile de mener de front six personnages qu'un seul? Peut-être est-il plus simple de papillonner de l'un à l'autre sans avoir à creuser jusqu'au fond de l'âme d'un seul?
Ce film choral avance par petites touches, laissant le récit se lire sur les visages et entre les plans. Film sensible, mais pas toujours à l'écart des clichés. Ainsi le parallèle entre le quotidien d'un individu et la trajectoire de l'humanité apparaît-il un peu facile. Il semble aussi que ces hommes qui se trompent de destin retombent un peu trop rapidement sur leurs pattes. Mais Charlie, lui, aura du mal à recoller les morceaux cassés de son enfance. Cela est sûr.
Geneviève Praplan"
Ancien membre
