Labyrinthe de Pan (Le)

Affiche Labyrinthe de Pan (Le)
Réalisé par Guillermo del Toro
Pays de production Espagne, Mexique, U.S.A.
Année 2006
Durée
Musique Javier Navarrete
Genre Fantastique, Epouvante-horreur
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Sergi López, Maribel Verdú, Ivana Baquero, Doug Jones, Ariadna Gil
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 526
Bande annonce (Allociné)

Critique

"A la fois conte fantastique et réflexion historique, LE LABYRINTHE DE PAN voit s'entrechoquer l'Espagne franquiste de 1944 et un univers féerico-mythologique, ce qui fait alterner des images très réalistes et des effets spéciaux réussis (parce qu'au service du film, et non pas le contraire).

Carmen, récemment remariée et enceinte, vient s'installer chez son mari, le capitaine Vidal, qui traque sans pitié les maquisards révolutionnaires. Sa fille Ofelia explore son nouvel environnement et y découvre des vestiges mystérieux, statues primitives, labyrinthe abandonné, sous la conduite d'une sorte de phasme volant qui se transforme en fée minuscule. La fillette qui, grâce à son jeune âge, ne s'effraie de rien, fait la connaissance d'un faune qui lui propose un parcours semé de trois épreuves initiatiques destinées à lui rendre son immortalité d'origine, car elle est la fille d'un couple royal mythique.

Le film est d'un baroque tout ibérique, avec une prédilection pour des scènes assez macabres. Le réalisateur s'est largement inspiré de l'illustrateur Art Déco Arthur Rackham et nous entraîne dans un monde où les monstres ne sont pas forcément ceux qui en ont l'air. Les acteurs, Sergi Lopez en tête, sont bons. Mais cette œuvre esthétisante et alambiquée ne laissera pas un souvenir impérissable.







Guillermo Del Toro (CRONOS, MIMIC) a réfléchi pendant une vingtaine d'années avant de sortir le (et du) LABYRINTHE DE PAN, film qui a manifestement bénéficié de moyens considérables: plus de trente décors, reconstitution soignée, effets spéciaux. Le résultat est une narration habilement écrite, où l'on glisse sans heurts de la réalité à la mythologie et inversement.

Dans l'Espagne de 1944, la guerre civile est finie. Les troupes franquistes traquent des maquisards dans les montagnes qu'ils connaissent comme leur poche. En lever de rideau, une séquence onirique évoque un mythique monde sous-marin, que la fille du roi a quitté pour la terre des hommes, préférant renoncer à l'immortalité - qu'elle pourrait regagner si elle triomphait de trois épreuves.

Sans transition, on découvre un convoi de luxueuses voitures marquées du faisceau, cahotant à travers bois sur une route de montagne. Dans une Rolls, une jeune femme en proie aux nausées de sa grossesse, Carmen (Ariadna Gil) et sa fille Ofelia (Ivana Baquero), plongée dans la lecture d'un des livres de contes qu'elle affectionne. Veuve, Carmen s'est remariée avec le capitaine Vidal (Sergi Lopez), qu'elle va rejoindre dans ses cantonnements, parmi des résistants insaisissables. La perspective ne réjouit pas l'adolescente, qui rechigne à appeler l'officier ""papa"".

La découverte d'une vieille stèle hors d'âge puis d'un vieux labyrinthe de pierre apparemment abandonné marque l'irruption d'un monde mystérieux dans la vie de Carmen, quadrillée par la liturgie militaire. D'autres rites percent les sous-bois touffus; des sortes de phasmes volants se révèlent être des sortes de fées Clochette; un vieux faune rocailleux (Doug Jones) hante le labyrinthe et remet à l'héroïne un livre magique qui lui servira de guide dans le passage de trois épreuves dangereuses, où il s'agira de louvoyer habilement entre des monstres mythologiques inquiétants et des êtres humains non moins monstrueux par leur idéologie et leur cruauté.

Le chroniqueur, qui avait vu LE LABYRINTHE DE PAN à Cannes (CF n. 526/7, pp. 35-36), a été heureux de le revoir dans de meilleures conditions (moins de stress, et un esprit mieux disposé à s'ouvrir aux perspectives les plus inattendues). Il s'est laissé prendre par le récit bien construit, le montage rigoureux, le goût hispanique pour un certain macabre baroque, la recherche esthétique, l'influence iconographique de Goya et d'Arthur Rackam notamment, et même la musique parfois envahissante.

Œuvre importante d'un réalisateur quadragénaire, ce conte de fées pour adultes représentera officiellement le Mexique pour l'Oscar du meilleur film étranger."

Daniel Grivel