Critique
"Nous sommes à Bucarest en 1989, dernière année de la dictature de Ceausescu. Eva, 17 ans, vit chez ses parents avec son petit frère de 7 ans. Amoureuse pour la première fois, elle découvre les tiraillements de l'adolescence et la complexité de la vie d'adulte. Son rêve secret est de fuir son pays et de voyager à travers le monde. Mais son petit frère est désespéré à l'idée que sa sœur puisse le quitter et, avec deux camarades, il manigance un plan pour tuer le dictateur, afin qu'Eva puisse rester et vivre dans un pays libre.
Il importait qu'un réalisateur roumain aborde enfin le thème de la fin de la dictature de Ceausescu. L'initiative est louable et répond certainement à l'attente de ses compatriotes. ""Mon film reflète ce mélange de tristesse et de joie, de réalité et de fantasmes que j'associe à cette époque-là"", a dit Mitulescu. Le résultat est mitigé, surtout pour un non-Roumain. Partant d'une fiction aux pistes trop multiples, tels les premiers émois de l'adolescence, le regard de l'enfance, le quotidien d'un quartier de la ville, cette réalisation ajoute encore à la confusion en insérant des images d'archives et des scènes oniriques qui se voudraient explicatives. Seul demeure positif ce désir propre à tous les Roumains mais surtout aux jeunes de fuir cette dictature, ainsi que l'interprétation éblouissante de la jeune héroïne de l'histoire.
Georges Blanc
Bucarest 1989, Eva (Dorotheea Petre), 17 ans, vit avec ses parents et son jeune frère de 7 ans, Lalalilu (Timotei Duma), qui l'adore. Un jour Eva et son petit ami cassent malencontreusement un buste de Ceausescu. Cela signifie renvoi d'école et maison de redressement pour Eva qui rencontre là Andreï, un fils de dissident, avec qui elle décide de fuir son pays en traversant le Danube. C'est sans compter que Lalalilu croit que Ceausescu est la véritable cause de l'éloignement de sa sœur. Il se doit donc d'intervenir... Portrait social d'un pays en voie de décomposition, frustres rapports de famille, passage de l'adolescence à l'âge adulte, liens frère-sœur, écho d'une révolution politique..., cela fait beaucoup. Beaucoup trop pour ce premier film de Catalin Mitulescu qui jusqu'ici n'avait réalisé que des courts métrages, des clips vidéos et des films publicitaires et qui s'est inspiré ici de ses propres souvenirs.
C'est pourquoi, en plus de l'évocation réaliste d'un monde aujourd'hui disparu (?) au travers de mille détails, on retiendra en premier lieu la très forte présence de l'actrice Dorotheea Petre qui a obtenu le Prix de la meilleure actrice dans la catégorie ""Un certain regard"" au Festival de Cannes en 2006.
Serge Molla"
Ancien membre
