Ami de la famille (L')

Les images du début intriguent: une nonne ensablée jusqu'au cou, des ralentis, un vieil homme coiffé d'un torchon blanc plié un peu à la manière d'une mitre épiscopale. Cet homme, c'est Geremia de'Geremei, qui dissimule sous sa coiffe des tranches de pommes de terre crues, souveraines contre la migraine.

Le personnage commence par susciter des sentiments de pitié, petit homme rabougri trottinant pour rentrer chez lui, dans un souk indescriptible où gît sa vieille mère, baleine impotente et dolente mais vigilante. Ces sentiments changent toutefois lorsqu'on découvre que Geremia, affreux, sale et méchant (pour reprendre un titre connu), est un usurier impitoyable à qui tout doit appartenir; il puise sa science dans le Reader's qui est sa Bible.

Malgré des décors à la Chirico, quelques bons mots (le sevrage d'un enfant est l'anti-chambre du restaurant) et quelques épisodes burlesques, L'Ami de la famille, qui est là quand il faut mais aussi quand il ne faut pas, n'est pas le nôtre, quand bien même ""la beauté existe, mais elle est laide"", et malgré le jeu à la Toto de l'acteur principal. On est loin des belles années de la comédie italienne.