Faim de vie

Affiche Faim de vie
Réalisé par Benjamin Tobler
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 526

Critique

"Trois personnes âgées vivant en Suisse au sein du même établissement médico-social sont filmées par leur infirmier. Toutes trois dévoilent leur intimité devant la caméra, confient leurs craintes, leurs espoirs, et parfois leurs silences.

Le cinéma, ces derniers mois, a souvent parlé du troisième âge (QUE SERA?, CF n. 508, p. 31 - MONOTONE, MON AUTOMNE? CF n. 519, p. 13). FAIM DE VIE est une nouvelle réflexion, un nouveau pas en direction de cette partie (croissante) de la population qui se sent parfois mise à l'écart.

Le film de Benjamin Tobler s'en prend à un certain nombre de préjugés, en s'efforçant de lever le voile sur les réalités de la vie de trois résidents d'un EMS genevois, filmés dans leur quotidien. Valentine (90 ans, vendeuse à la retraite), Marie (87 ans, ancienne femme au foyer) et Roger (82 ans, jardinier à la retraite) dialoguent avec leur infirmier, oubliant la présence de la caméra. Avec sincérité, tous trois parlent d'eux-mêmes et analysent l'image qu'ils pensent donner d'eux à l'extérieur. Sans états d'âme, ils expriment leur point de vue sur les autres pensionnaires et sur le fonctionnement de la résidence. Chaque protagoniste décrit sa manière de vivre la vieillesse et d'appréhender la mort.

Le regard du cinéaste se porte aussi sur l'EMS lui-même, sur l'arrière-fond de la maison et son encadrement - une séquence réservée à Antoinette, 63 ans, employée au service hôtelier -, avec un coup d'œil sur les animations, sur les repas qui rythment le quotidien. Le spectateur pénètre ainsi dans l'univers d'un établissement dont on perçoit l'atmosphère: on est chez le physiothérapeute avec l'une des résidentes, avec l'autre on visite les cuisines, avec Roger c'est la visite du médecin. Un concentré de petites scènes émouvantes, parfois drôles, souvent douloureuses aussi.

Dans FAIM DE VIE, le réalisateur est à l'écoute des autres. En leur tendant le micro, il témoigne de l'intérêt qu'il porte à leur existence, à leur avenir. ""En diffusant mon film, dit-il, je souhaite contribuer à rendre aux personnes âgées leur place dans la société.""

Difficile de dire si la démarche - respectable - atteint vraiment son but. Si l'on peut porter au crédit de Benjamin Tobler sa discrétion et l'honnêteté de son propos, on pourra en revanche lui reprocher une certaine absence de point de vue. Apparaît aussi parfois une forme de scepticisme chez cet infirmier qui sait de quoi il parle et qui ne cache pas le côté ""ghetto"" des EMS. ""Je ne jette pas la pierre à ces institutions qui ne font que répondre à un besoin de la société, ajoute-t-il, je n'ai pas la prétention de changer ça.""

FAIM DE VIE a sans doute comme objectif - à mettre à l'actif du cinéaste - de (re)poser indirectement la question du maintien des personnes âgées dans leur univers familier, et cela le plus longtemps possible. Un choix qui implique alors un engagement fort de l'entourage (famille, voisins, EMS). Un sujet d'actualité sans doute, à l'heure où l'on entend souvent dire que l'Etat dépense trop pour les EMS..."

Antoine Rochat