The Great Ecstasy of Robert Carmichael

Affiche The Great Ecstasy of Robert Carmichael
Réalisé par Thomas Clay
Pays de production Grande-Bretagne
Année 2005
Durée
Genre Drame
Distributeur Pretty Pictures
Acteurs Lesley Manville, Daniel Spencer, Ryan Winsley, Charles Mnene, Danny Dyer
N° cinéfeuilles 504
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une petite ville côtière anglaise. Entre bières et drogues trois jeunes ados sans morale aucune plongent dans une spirale de violence. Sur fond de discours guerriers télévisés - signés Georges W. et Tony Blair, la guerre d'Irak vient de commencer -, le cinéaste anglais Thomas Clay filme le chômage et le désœuvrement des jeunes avec une grande maîtrise et beaucoup d'efficacité. La caméra rôde dans les beaux et les bas quartiers de la ville, se faufile dans des décors qui paraissent tout droit sortis d'un documentaire.

Et tout à coup le film bascule dans une violence qui touche à l'insupportable, et auprès de laquelle ORANGE MECANIQUE serait un film pour enfants de chœur. Dommage, car tout ce qui avait été (bien) dit et montré jusque-là s'écroule sous un déluge d'horreur. Le pire est arrivé et, comble de l'ironie glaçante, une citation finale annonce que le bonheur est inévitable. Le cinéaste a voulu frapper. Le spectateur en reste cloué dans son fauteuil.



Antoine Rochat





Dans une petite ville côtière d'une Angleterre en pleine dépression économique et morale, la dérive de trois adulescents sans grand avenir ni morale. Parmi eux, Robert (Daniel Spencer) est le plus privilégié, malgré l'absence d'un père: sa mère fait ce qu'elle peut pour lui garder la tête hors de l'eau: elle veille sur ses activités scolaires, est son accompagnatrice musicale, s'efforce de le tenir à l'écart de fréquentations douteuses. Mais l'attrait de la drogue et des cambriolages à la sauvette l'emporte.

Certes bien filmé et bien interprété, le premier long métrage d'un réalisateur pas encore trentenaire a les côtés idéalistes et provocateurs des photolangages et collages en vogue dans la mouvance des années 68. Thomas Clay porte un regard d'entomologiste sur ses personnages, et le spectateur se sent bien vite mué en voyeur. Après un début glauque, le récit s'enfonce dans un bourbier nauséeux et assène une interminable scène de viol et de meurtre sanguinolent à la limite du soutenable.

Kubrick, dans la stylisation de son ORANGE MECANIQUE, était autrement plus efficace. Et la revendication finale d'un bonheur pour tous, succédant à l'image des trois jeunes criminels s'éloignant sans états d'âme dans la lumière mordorée du soleil se levant sur une nuit immonde, est d'un cynisme répugnant, tout droit issu de la délinquance excusée par les contraintes de la société.



Daniel Grivel

Ancien membre