Critique
Mi-polar, mi-drame psychologique, le dernier film de Chabrol suit une recette éprouvée. Un crime est commis, ici le meurtre d'une fillette, et tous les habitants d'une petite ville de province, Saint-Malo, font de parfaits suspects, à commencer par un professeur de dessin. Au bout d'une heure cinquante, sortez de votre chapeau le coupable, qui, bien sûr, se trouve être la personne à laquelle nul ne pensait. Chabrol filme tous les protagonistes de cette histoire de manière à ce que rapidement le spectateur, pris au jeu et manipulé, découvre en lui les mêmes sentiments qui animent les personnages à l'écran. Vous voici semblables aux habitants de la dite ville de province, car il est évident que vous en êtes, que vous n'agiriez pas autrement que ces parents qui retirent leur fille du cours de dessin, etc.
Voilà pour le polar. Reste le drame psychologique. Il tourne autour de la personnalité de René, artiste-peintre, taciturne, inquiétant, souffrant, et de sa femme, Viviane, toujours souriante. Le scénario fait de ce couple, incarné par Jacques Gamblin et Sandrine Bonnaire, un couple mal assorti. Si Gamblin est parfait dans ce rôle d'artiste souffrant et torturé, le choix de Sandrine Bonnaire ne convainc pas. Ses talents d'actrice ne sont pas en cause. Erreur de distribution, manifestement. Erreur également dans le choix du décor. La mer, le rivage, une fois de plus, pour nous emmener au bout d'un monde. Il n'y a là que banalité. Un journaliste-écrivain, caricature d'un certain milieu parisien, et une dame commissaire de police tirent ce long métrage du côté du film fait pour la télévision. Faute de goût enfin que de prendre comme point de départ de l'intrigue d'un film tout de même léger, marqué par l'humour de Chabrol et même par un clin d'oeil facétieux au film d'horreur, le viol et le meurtre d'une fillette. Il y a des choses qui ne vont pas ensemble, qui ne vont plus ensemble.
Ancien membre
