V pour Vendetta

Affiche V pour Vendetta
Réalisé par James McTeigue
Pays de production U.S.A.
Année 2006
Durée
Musique Dario Marianelli
Genre Science fiction, Fantastique, Thriller, Action
Distributeur Warner Bros. France
Acteurs Hugo Weaving, Natalie Portman, Stephen Rea, Stephen Fry, Sinéad Cusack
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 523
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Connu comme réalisateur publicitaire et comme assistant sur MOULIN ROUGE, DARK CITY et la série des MATRIX notamment, James McTeigue est ici aux commandes, comme un grand, pour dénoncer le totalitarisme et la manipulation des êtres humains comme des idées.

Producteurs et scénaristes, les frères Wachowski (MATRIX) se sont inspirés d'un roman graphique illustré par David Lloyd, qui connut un immense succès il y a un quart de siècle. Marqué par le thatchérisme, l'auteur imagine une Angleterre dont le gouvernement échappe au contrôle des citoyens: à la faveur de diverses circonstances (effondrement des Etats-Unis, épidémies mystérieuses, émeutes durement réprimées), le grand chancelier Adam Sutler (John Hurt) - le glissement vers Adolf Hitler est autorisé - prend le pouvoir et règne sans partage, décrétant quelles œuvres d'art et quels livres sont dégénérés, et se réservant le meilleur des produits alors que la population doit se contenter de médiocres succédanés. Sa devise, placardée partout: la force par l'unité, l'unité par la foi.

L'action se déroule dans un Londres dont les principaux bâtiments historiques ont subsisté, mais qui ressemble à une ville se relevant de sévères bombardements: la grisaille et la pénombre y dominent, et le couvre-feu est proclamé dès 22 h 30. Evey (Natalie Portman, l'Amidala de STAR WARS), jeune femme à tout faire dans une chaîne de télévision ou plutôt une machine à décerveler digne du 1984 d'Orwell, brave un soir l'interdit pour honorer le rendez-vous donné par un animateur vedette. Elle tombe entre les griffes de deux indics qui s'apprêtent à la violer lorsque surgit de l'obscurité un personnage masqué et tout de noir vêtu, la poitrine caparaçonnée de dagues dont il se sert avec virtuosité; la jeune femme peut s'échapper, mais ignore que, grâce à des systèmes de surveillance omniprésents, l'inspecteur en chef Finch (Stephen Rea, acteur fétiche de Neil Jordan) a l'oeil sur elle, d'autant plus qu'elle est la survivante d'une famille de réfractaires.

Malgré toutes les mesures de sécurité, le mystérieux justicier parvient à pénétrer dans les studios de télévision et à pirater les ondes, annonçant que, héritier spirituel de Guy Fawkes (héros du XVIIe siècle qui tenta, par la Conjuration des poudres, de faire sauter le bâtiment du Parlement), il va s'attaquer au palais de Bailey, puisque la justice y est bafouée. Dans la confusion qui s'ensuit, Evey essaie de fuir la police mais se fait assommer. Emportée par l'homme masqué, elle se réveille dans l'antre de son sauveur qui se présente en un discours truffé d'allitérations en V: il est V (Hugo Weaving, expressif malgré le fait qu'on ne verra jamais son visage), et il veut abattre la tyrannie et sauver la civilisation (sa tanière est d'ailleurs bourrée de merveilles artistiques et culturelles). Des liens contradictoires vont unir V, saboteur solitaire prêt à tout (une des scènes finales est particulièrement sanglante) au nom de la liberté, et Evey, qui se demande si le renversement d'une dictature peut justifier le terrorisme - surtout lorsqu'elle découvre qu'elle a été en quelque sorte manipulée par le comploteur.

Risquons une métaphore champignacienne... Le réalisateur a tété le lait des Kubrick, Anderson et Truffaut dans ORANGE MECANIQUE, IF... et FAHRENHEIT 451; il a en outre eu la coquetterie de tourner les intérieurs aux studios Babelsberg de Potsdam, là où Fritz Lang fit METROPOLIS. Le film est parfois bavard, surtout quand il s'agit de faire passer le message, comme on dit: ""Les citoyens ne devraient pas craindre leur gouvernement; le gouvernement devrait craindre ses citoyens"", ""Les mots gardent toute leur puissance"", ""Les idées résistent aux balles"". Mais la distribution est excellente, les choix musicaux sont judicieux et, malgré les 2 h 10, on ne s'ennuie pas en voyant V POUR VENDETTA."

Daniel Grivel