Tentations de Frère Sébastien (Les)

Affiche Tentations de Frère Sébastien (Les)
Réalisé par José Araújo
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 522

Critique

"Année 2030: notre planète est ravagée par la guérilla urbaine et une pollution rampante. Frère Sébastien est le jeune novice d'une congrégation religieuse mêlant christianisme du temps des martyrs, piétisme et croyances ancestrales du Nordeste brésilien.

Préparant son ordination, le religieux est à la fois rongé par le doute sur l'authenticité de sa vocation, par les séquelles d'un viol subi lorsqu'il était enfant et par la culpabilité qu'il éprouve, passionnément attiré qu'il est par un frère androgyne d'une troublante beauté. Il choisit le Père Sanctus, vieillard agonisant, comme confesseur et guide dans le labyrinthe de ses pérégrinations psycho-spirituelles à connotation flagellante. Cela fait beaucoup pour un seul homme!

Et cela fait beaucoup pour le spectateur moyen. Noyé dans un grand brouet où se malaxent concret et abstrait, esprit et matière, présent (futurisé) et passé, vomissures et fulgurances sublimes, celui-ci ne tarde pas à déclarer forfait. Signe de santé, sans aucun doute.

Néanmoins, derrière la carapace rebutante de ce film se cachent les qualités indéniables d'un réalisateur à l'imagination foisonnante, capable de rendre compte avec une vraie finesse cinématographique de ""réalités"" psychologiques et spirituelles diablement complexes. Par exemple: les processus de la culpabilisation; le mode d'existence et d'action des forces supérieures - divines ou démoniaques - sur le monde humain; des facettes variées du combat intérieur; le dilemme entre l'absolu et la relativité.

Esthétiquement, José Araújo semble mélanger plusieurs influences pour proposer un style personnel, fait à la fois de lenteur et de foisonnement. Il n'est pas rare, pendant la (trop longue) projection, de penser fugitivement à quelques grands noms: Tarkowsky, Fellini, et - pour le fond - Bresson et son JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE.

Mais voilà: ce film a la redoutable déficience de ne s'adresser qu'à un tout petit nombre de spectateurs, spécialisés et... pas trop pressés!"

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