Inside Man

Affiche Inside Man
Réalisé par Spike Lee
Pays de production U.S.A.
Année 2006
Durée
Musique Terence Blanchard
Genre Policier, Thriller
Distributeur United International Pictures (UIP)
Acteurs Willem Dafoe, Denzel Washington, Jodie Foster, Chiwetel Ejiofor, Clive Owen
N° cinéfeuilles 522
Bande annonce (Allociné)

Critique

Entre 1986 et 1995, Spike Lee s'est fait connaître comme réalisateur militant de films abordant de front certains problèmes sociaux, raciaux ou intercommunautaires de son pays. Il a sans doute joué, à ce moment-là, un rôle de pionnier dans l'émergence d'une nouvelle génération de réalisateurs afro-américains. Observateur de talent, Spike Lee se montre depuis lors moins engagé. INSIDE MAN est certainement une œuvre de commande, ce qui ne l'empêche pas d'être intéressante.

INSIDE MAN, c'est l'histoire d'un hold-up assez particulier. Tout se passe comme prévu, la banque est investie, les otages enfermés, mais l'argent ne semble pas intéresser les auteurs du braquage. Le spectateur va découvrir au fur et à mesure que le cerveau de l'opération, Dalton Russel (Clive Owen), veut bien lui livrer par téléphone - en même temps qu'à l'inspecteur Keith Frazier (Denzel Wahington) - quelques bribes d'explication, que l'on a affaire à une intrigue très sophistiquée. Les facultés intellectuelles du public seront donc fortement mises à contribution. Et comme les visages des braqueurs et des otages sont le plus souvent masqués, les fausses pistes et les mystifications seront légion.

INSIDE MAN est un film en trompe-l'œil assez original. A relever les qualités d'écriture du film et la subtilité avec laquelle Spike Lee évite les scènes classiques attendues et détourne les habituelles lois du genre. Il n'y a pas trop de concessions au cinéma d'action américain courant (peu de violence, pas de poursuites en voiture!), les traditionnelles fusillades appartiennent à l'imaginaire, le rythme du film est régulièrement désamorcé par des séquences qui se situent plus tard dans le temps (interrogatoires ultérieurs des braqueurs, explications données par les otages lors de l'enquête). Le film prend parfois des allures de croisière, l'atmosphère se détend, avant de repartir sur d'autres nouvelles et fausses pistes. Tous les acteurs (la distribution est royale!) sont remarquables, et la conclusion, astucieuse, renvoie tout le monde dos à dos. Un épilogue qui apparaît comme un constat passablement désabusé sur le monde. Chacun (ou presque) avait vendu, d'une manière ou d'une autre, son âme au diable.

Antoine Rochat