Dunia

Affiche Dunia
Réalisé par Jocelyne Saab
Pays de production Egypte
Année 2005
Durée
Musique Mohamed Mounir, Jean-Pierre Mas, Patrick Legonie
Genre Comédie dramatique
Distributeur trigonfilm
Acteurs Hanan Turk, Mohamed Mounir, Fathy Abdel Wahab, Aida Riad, Sawsan Badr
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 521
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Ayant achevé des études de littérature au Caire, la jeune et belle Dunia se cherche. Elle veut devenir danseuse professionnelle, comme sa mère, et rencontre au cours d'une audition le Dr Beshir, un homme de lettres très connu. Mais elle a par ailleurs un amoureux qui s'impatiente... qu'elle finira par épouser, mais sans enthousiasme. C'est avec les conseils et la complicité du Dr Beshir qu'elle découvrira une autre forme de plaisir des sens lié au plaisir des mots.

Comment réussir à filmer un récit qui plaise et qui dise simultanément quelque chose du réel ambiant, en évoquant quelques thèmes importants de l'heure (ici le rôle des femmes dans la société arabe traditionnelle, la place de l'amour dans le couple, le rite de l'excision pratiquée sur les jeunes filles)? Considéré sous cet angle, Dunia peut être perçu comme une tentative partiellement réussie, nonobstant plusieurs scènes de danse - par ailleurs très belles - qui diluent ou au contraire parfois écrasent le propos. La réalisatrice multiplie les longs plans-séquences sur son héroïne en train de danser sur fond de rêves intimes et de citations littéraires sensuelles, sans que le propos n'en devienne beaucoup plus explicite. Sans doute ne pouvait-elle pas aller au-delà, sur le plan des images, dans un film destiné au grand public de son pays. Un film qui se regarde avec plaisir tout en laissant apparaître une Egypte au carrefour des incertitudes, entre tradition et modernité.

Antoine Rochat


Dunia, une jeune étudiante, se lance dans une thèse de doctorat sur les mots du désir et de la passion dans la poésie arabe, soutenue par un professeur militant contre la censure. Toutefois, malgré sa passion pour un tel sujet et son amour de la danse arabe (dont sa mère fut une artiste), elle peine à accepter son propre corps et dédaigne un prétendant insistant avec lequel néanmoins elle joue quelque peu.

Le projet de Jocelyne Saab de montrer les limites que les normes sociales imposent aux individus (surtout aux femmes) dans un contexte donné est fort louable. Mais l'amour, son expression poétique, la censure, la danse et la spiritualité soufie, le mariage, l'excision, le regard social, c'est peut-être un peu beaucoup pour un seul film, même si l'héroïne constitue le "fil rouge" de la narration. De plus, il y a quelques problèmes de cohérence des personnages, car certains semblent changer complètement de personnalité en cours de route. Ainsi la taxiwoman, personnage présenté comme indépendant et ouvert au début du film (son métier entre pour beaucoup dans cette dénotation, elle conduit sa vie elle-même), devient beaucoup plus conservateur au fil du film. N'incite-t-elle pas lourdement Dunia à se marier, insistant surtout sur la stabilité du statut social, alors qu'elle ne semble pas vraiment s'opposer à l'excision de sa propre fille et à ne lui dire, devant le fait accompli, que "maintenant nous sommes pareilles"? Et comment comprendre l'envie soudaine de mariage avec ce soupirant que Dunia a jusqu'ici repoussé? Elle qui, jusqu'alors, aspirait à l'indépendance, paraît subitement accepter de répondre à ce que l'on attend d'elle. Pourtant, dans un sursaut/réveil final, prenant conscience de l'absurdité de son rapide consentement, elle quittera son compagnon pour aller jusqu'à séduire son maître de thèse et se donner à lui. Aurait-elle brusquement trouvé l'équilibre tout en pouvant tourner et tourner encore à la façon des derviches. Et cela parce que son maître, rendu presque aveugle suite à une agression due à ses positions libertaires, est le seul capable de la rendre à elle-même, à son corps, jusqu'à concilier son sujet de thèse et son existence? Peut-être, mais tout cela s'enchaîne bien vite et parfois confusément pour le spectateur.

Soutenu ponctuellement par de magnifiques images colorées, ce film, lauréat de nombreux prix (à l'étranger et au dernier Festival de Fribourg), à force d'embrasser tant de thèmes, mal étreint. Néanmoins, son important sujet invite à lui prêter une forte attention.

Aurore Lüscher et Serge Molla

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13
Georges Blanc 13
Daniel Grivel 14
Serge Molla 14