Passager (Le)

Affiche Passager (Le)
Réalisé par Eric Caravaca
Pays de production France
Année 2004
Durée
Musique Grégoire Hetzel
Genre Drame
Distributeur Diaphana Films
Acteurs Nathalie Richard, Maurice Bénichou, Eric Caravaca, Julie Depardieu, Vincent Rottiers
N° cinéfeuilles 521
Bande annonce (Allociné)

Critique

C'EST QUOI LA VIE? et LA CHAMBRE DES OFFICIERS de François Dupeyron; SON FRERE, de Patrice Chéreau: la simple énumération de ces titres montre qu'Eric Caravaca ne se commet pas avec n'importe quel metteur en scène. Passé lui-même derrière la caméra, il prouve qu'il a bien appris sa leçon.

Thomas (Eric Caravaca), maître dans un lycée parisien, se rend à Marseille en voiture. Après une nuit de route, il arrive à destination par un petit matin glauque (le film est dominé par des ambiances crépusculaires à peine illuminées çà et là par quelques éclaircies). Dans la froideur anonyme d'un hôtel de police, il est conduit à la morgue, prié qu'il est d'identifier le cadavre de son frère Richard, suicidé par pendaison. Il repart avec le sac de voyage de celui-ci, et en inventorie le contenu dans une chambre d'hôtel tout aussi impersonnelle, et quelques images furtives (en noir et blanc) surgissent de son passé. En attendant l'ensevelissement, Thomas tente de remonter le temps, explorant son patelin natal, petite ville côtière du nord de la France sinistre et peu ensoleillée. Plusieurs personnages traversent sa quête: Gilbert, vieil homme qui a connu les deux frères enfants; la chanteuse poignante d'une boîte de nuit tristounette. Grâce à des photos trouvées dans le porte-monnaie de Richard, il découvre dans un hôtel improbable Jeanne (Julie Depardieu, que l'on voit décidément beaucoup sur les écrans ces jours) et son jeune frère Lucas (Vincent Rottiers), un peu isolé par une ouïe déficiente.

Dans un monde fantomatique traversé par des personnages cotonneux et où n'apparaissent pas la femme et l'enfant de Thomas, on subodore de troubles secrets de famille. Lorsque des solitudes se croisent, des étincelles éclairantes peuvent se produire.

Eric Caravaca n'a pas choisi la facilité pour son premier long métrage: gros plans prolongés sur des visages indéchiffrables, musique angoissante, ambiance sombre. Mais il est servi par des acteurs convaincants et sobres, ainsi que par sa maîtrise des effets minimalistes.

Daniel Grivel