Critique
"Le personnage de Casanova - soldat, écrivain, espion, philosophe et aventurier - est de ceux que l'on croise régulièrement au cinéma. Changeant chaque fois de profil, il a été accommodé à toutes les sauces, les unes épicées, d'autres plus insipides.
Le CASANOVA de Lasse Hallström fait partie de la seconde catégorie. Cette comédie romantique bénéficie sans doute d'une solide distribution, avec Heath Ledger - tout droit revenu de BROKEBACK MOUNTAIN, ciel, quel dépaysement! - et Jeremy Irons, mais cela ne suffit pas. Avec le temps qui passe, on a le sentiment - UNE VIE INACHEVEE, sorti tout récemment sur nos écrans, en était déjà le signe - que la carrière de Lasse Hallström ne dépasse pas celle d'un bon ""faiseur"" de films.
On est donc à Venise en 1753. Giacomo Casanova, 28 ans, bien connu pour être l'un des plus grands séducteurs du monde, est sauvé des griffes de l'Inquisition par le Doge de la ville qui lui demande pourtant de se trouver une femme légitime. Ce qu'il fait... avant de tomber amoureux d'une autre. Jusque-là, rien que de très naturel. Ce qui paraît en revanche (un instant) plus original, c'est que celle-ci, Francesca (Sienna Miller), écrit des ouvrages féministes et ne veut pas entendre parler du Casanova en question.
D'où les multiples manœuvres et les tentatives répétitives de séduction du libertin qui sont d'autant plus lassantes que, malgré tous les efforts de l'évêque Pucci (Jeremy Irons, dans un bon rôle caricatural) et de l'Inquisition pour l'arrêter, on a aucune peine à imaginer le dénouement de l'intrigue. Un épilogue qui s'accompagnera d'ailleurs d'une pirouette finale un peu inattendue, seule petite surprise - totalement non historique - de ce (trop) long film.
Rien de bien revigorant donc dans cette extrapolation autour d'un personnage très connu. La mise en scène, vivante, n'empêche pas l'intérêt de s'émousser rapidement. Ce CASANOVA-là ne fera pas oublier d'autres versions plus célèbres, celles de Fellini ou de Comencini par exemple. Et l'on gardera toujours sa préférence pour Mastroianni, le Casanova vieilli, désargenté, mais terriblement lucide de LA NUIT DE VARENNES (Ettore Scola, 1981)..."
Antoine Rochat