Critique
"En 1930, les Etats-Unis interdisent la marijuana. Autant pour des motifs économiques, semble-t-il, que pour des raisons de protection de la santé. On dit que W. R. Hearst, le magnat de la presse, voulait conserver le monopole de la fabrication de ses journaux à partir de l'exploitation des forêts, et donc éliminer la concurrence du chanvre devenu depuis la Première Guerre mondiale une composante importante du papier. Voilà pourquoi un film de propagande (""Reefer Madness"") fut produit en 1936, avec comme objectif d'attirer l'attention du public sur les effets pervers de la ""marie-jeanne"". Le côté tendancieux et moralisateur de ce long métrage en fit rapidement un ""film-culte"".
Deux scénaristes américains se sont inspirés de ce vieux film ""antichanvre"" pour écrire, il y a quelques années, une comédie musicale. Le succès remporté sur les scènes de Los Angeles et de New York les a incités à en tirer aujourd'hui une version pour le grand écran. REEFER MADNESS doit donc se regarder comme une transposition parodique du film éponyme tourné il y a 70 ans.
L'intrigue est fort mince: en 1936, des parents d'élèves d'un collège assistent à la présentation d'un film dont deux adolescents bien élevés, Jimmy Harper et Mary Lane, sont les protagonistes. Le premier tombera amoureux de la seconde avant de sombrer dans la drogue. Tout cela dans le contexte et avec les ingrédients des années 30, à savoir gangsters et femmes fatales, tripots et boîtes de nuit, sexe et provocation. Inutile d'en dire plus, l'intérêt (minime) du film se situant dans de subtiles chorégraphies, des décors étranges et oniriques et des styles musicaux variés. Le tout dans une mise en scène extravagante et une sauce souvent iconoclaste.
Le mélange du noir/blanc et de la couleur rappelle les films policiers et les comédies musicales des années 40 et 50. Le côté aimablement rétro de REEFER MADNESS plaira en priorité aux nostalgiques du cinéma de cette époque."
Antoine Rochat