Critique
Tourné avec une caméra numérique, MONOTONE, MON AUTOMNE? est un film relativement court, mieux à sa place sans doute sur un petit écran TV que sur l'écran large d'un multiplexe. Marie-Jeanne Urech a réalisé là un documentaire tout en sensibilité sur la vieillesse et sur la meilleure façon de la vivre. La réalisatrice s'est introduite discrètement dans la vie de trois femmes qui ont entre 78 et 82 ans, et qui ont gardé une activité régulière.
Rose est manucure, Jacqueline écrit et cherche à se faire publier, Nadine organise chez elle des concerts. Toutes trois travaillent, toutes trois commentent devant la caméra leurs plaisirs, leurs difficultés, leurs émotions. Rien de mélancolique dans leurs propos. Se dégage de MONOTONE, MON AUTOMNE? une image de vie dynamique et remplie de bouffées d'espoir.
L'existence de chacune continue, indépendante et active, sans remarques désabusées, même si Rose - personnalité originale qui, à 82 ans, prend encore des leçons de guitare, de violon et de patinage! - avoue qu'elle a un peu de peine à entrer en relation avec les autres, et même si Jacqueline reconnaît qu'elle ressemble parfois à un clown triste et qu'elle se perd dans un désordre domestique assez généreux. Et si Nadine se casse le col du fémur, cela ne l'empêche pas de continuer à organiser des concerts à l'hôpital...
La structure de ce film témoignage est simple, chronologique. Chaque existence avance, en parallèle avec les deux autres. Les coupes entre les séquences sont rapides, les enchaînements heureux. On peut regretter peut-être un final assez réducteur et abrupt, ainsi qu'un black-out presque total sur les antécédents de ces trois dames qui auraient eu sans doute beaucoup de choses à nous raconter.
Film attachant, MONOTONE, MON AUTOMNE? est un bel hommage à la vieillesse, un regard original et différent posé sur trois visages, sur trois femmes d'un âge respectable et animées d'une énergie vitale hors du commun.
Antoine Rochat
