Critique
"Jusqu'à présent, Liev Schreiber était un acteur doué, à la filmographie enviable. Son premier long métrage, original et attachant, est prometteur, malgré le fait - ou peut-être grâce à lui - qu'il détonne dans le paysage cinématographique étasunien.
Tiré d'un roman de Jonathan Safran Foer, le film raconte l'épopée de Jonathan (Elijah Wood, jeune juif binoclard en complet veston - un rôle aux antipodes de Bilbo the Hobbit), qui a décidé de se rendre en Ukraine afin de retrouver la femme qui permit à son grand-père d'échapper aux pogroms nazis. L'idée de Liev Schreiber était notamment de montrer un autre type d'Américain, ""qui soit ouvert, drôle, sensible et qui, surtout, chercherait ses racines au-delà des frontières de son propre pays"".
Apparaissant à certains moments comme le ""ravi"" de la crèche provençale, Jonathan a des côtés candides mais aussi mûrs et sages. Parachuté dans une région pour le moins insolite, il se lie avec Alex (Eugene Hutz), optimiste, fasciné par une certaine image de l'Occident et plein d'humour, ainsi qu'avec le grand-père de celui-ci (Boris Leskin), soi-disant aveugle qui emmène ses compagnons à bord d'une vieille Trabant délabrée. Une mention spéciale pour le chien baptisé Sammy Davis Jr., irrésistible dans ses prestations cocasses.
Les problèmes linguistiques compliquant le dialogue, l'image et les représentations symboliques sont reines, ce qui est bien le moins pour du vrai cinéma. La quête de Jonathan aboutira, illuminée par des moments de pure poésie.
Oui, vraiment, tout est illuminé, jusqu'à et y compris Jonathan, dont la vie sera bouleversée par ses découvertes. D'aucuns nous bassinent avec le devoir de mémoire: ici, il est accompli avec le sourire et dans l'émotion."
Daniel Grivel