Critique
"Si vous appréciez les luttes carnassières entre dinosaures, brontosaures ou autres reptiles prédateurs, tous réunis dans un même lieu, autour des années 30 et avec une évidente désinvolture paléontologique...
Si vous aimez la jungle infernale, la végétation tropicale et les paysages somptueux - l'action se situe à Sumatra, mais le film a été tourné en Nouvelle-Zélande, pays natal de Peter Jackson (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX) et essentiellement en studio...
Si vous aimez les aventures et les émotions fortes accompagnant la rencontre d'une femme blonde, Ann Darrow (Naomi Watts), avec le célèbre gorille King Kong (monstre construit en images de synthèse, grâce aux efforts conjugués de l'acteur Andy Serkis et de beaucoup d'effets spéciaux)...
Si vous n'avez plus le souvenir du charme et de la poésie du premier KING KONG, celui qui date de 1933...
... alors vous pouvez vous risquer à aller voir la dernière et spectaculaire superproduction hollywoodienne, revisitation scrupuleuse du film de Cooper et Schoedsack et calquée sur le scénario original. Il y a là des séquences d'anthologie (celle dite ""des lianes"", celle des animaux en déroute fuyant au fond d'un canyon, celle de King Kong dans la circulation new-yorkaise, pour n'en citer que trois).
Le film est souvent époustouflant, parfois fascinant, mais finalement assez lassant. Naomi Watts, chahutée comme il n'est pas permis, retombe toujours sur ses pattes, sans une égratignure, même après cent mètres de chute. Jack Black (dans le rôle du cinéaste Carl Denham) et Adrien Brody (dans celui de Jack Driscoll, son scénariste) sont convaincants. La première heure est splendide, avec la description d'un New York en pleine dépression économique, avec les préparatifs et le départ de l'expédition. Mais cela se gâte par la suite, dès l'arrivée sur l'île de Skull: les indigènes (tendance ""gore"") n'ajoutent rien, pas plus que les nombreux brontosaures qui semblent tout droit sortis de JURASSIK PARK. On attend dès lors impatiemment le retour à New York.
KING KONG, c'est une belle imagerie dépourvue de toute poésie. Une belle machinerie, mais qui tourne à vide. Le spectateur risque de rester sur sa faim: y a-t-il, au-delà du mythe déjà très visité de la Belle et la Bête, un sens à donner à cette longue fable visuelle? Bon courage dans votre recherche, le chemin sera long et difficile."
Antoine Rochat