Appelez-moi Kubrick

Affiche Appelez-moi Kubrick
Réalisé par Brian W. Cook
Pays de production Grande-Bretagne, France
Année 2003
Durée
Musique Bryan Adams
Genre Comédie
Distributeur pathefilms
Acteurs John Malkovich, Jim Davidson, Tom Allen, Lynda Baron, Marisa Berenson
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 517
Bande annonce (Allociné)

Critique

Ce film relate l'histoire vraie d'un parfait inconnu, Alan Conway, qui s'est fait à plusieurs reprises passer pour le réalisateur Stanley Kubrick. Cet homme ne connaissait rien du célèbre cinéaste ni de son œuvre, mais cela ne l'a pas empêché d'user et d'abuser de la crédulité de ses interlocuteurs. De ce fait divers, qui touche parfois l'une ou l'autre star du cinéma ou d'ailleurs, Brian W. Cook tire un film astucieux truffé de références aux chefs-d'œuvre de Kubrick et interprété avec une éblouissante maîtrise par John Malkovich. Tant la mise en images que le travail sur la bande-son renvoient constamment - et en les mélangeant - aux réalisations de Kubrick, mais Cook réalise tout cela avec légèreté et humour, dévoilant par exemple les obscures raisons (!) pour lesquelles l'ordinateur Hal élimina la majeure partie des membres de l'équipage de la fusée de 2001, L'Odyssée de l'espace.

Le film débute ainsi avec une forte allusion à Orange mécanique et ses conflits sociaux, et se conclut avec l'arrestation et la mise en clinique du troublant Conway, ce qui permet un habile glissement vers Vol au-dessus d'un nid de coucou. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est l'incitation à pénétrer le personnage de Conway, à ne pas le regarder uniquement de l'extérieur, mais sans offrir quelque explication psychanalytique qui aurait répugné à Kubrick. Qui trompe-t-il? Est-ce autrui, souvent si avide de fréquenter un génie ou une star et se montrant par là même prêt à croire n'importe quoi ou presque, quitte à effectuer de nombreux sacrifices (financiers) pour en rester proche? Ou lui-même, pris qu'il est dans ses propres filets au point de se faire exister en usurpant une identité? Il y a certainement de l'un et de l'autre pour expliquer les motifs d'une telle imposture, et cela d'autant plus qu'elle ne se fondait nullement sur quelque ressemblance ou une parfaite connaissance de la personne et du milieu, à l'inverse du personnage de Cours après moi si tu peux , le film de Steven Spielberg, dans lequel Leonardo DiCaprio empruntait avec talent moult identités.

Ici, Alan Conway ne séduit ses victimes qu'avec une étonnante présence où la voix ensorcelante et le calme ne sont pas les moindres atouts. Certes, aujourd'hui où le portrait des célébrités est plus connu, il serait peut-être plus difficile de se faire passer pour X ou Y, mais cela ne signifie évidemment pas que le désir d'accéder à la notoriété, coûte que coûte, ait cédé le pas. Bien au contraire... Et est-on vraiment sûr que Kubrick n'est pas décédé peu après Conway parce qu'en fait c'est lui qui se faisait passer pour...?

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Daniel Grivel 14
Antoine Rochat 13
Ancien membre 13