Critique
"A l'occasion du mariage de sa sœur cadette, une jeune femme, interprétée avec grand naturel par Jennifer Aniston, retourne dans la ville de son enfance pour déterrer un secret de famille. Elle y apprend alors que le célèbre film LE LAUREAT (1967, de Mike Nichols, avec Anne Bancroft et Dustin Hoffman) évoquerait un épisode occulté de l'histoire de sa famille: sa grand-mère serait même la femme qui a inspiré le personnage de Mrs. Robinson (qui fit l'éducation sentimentale d'un puceau universitaire)!
Du coup, voici que s'insinuent les questions pour ne pas dire les doutes sur l'identité de son véritable géniteur. Serait-ce le jeune amant de sa grand-mère, qui devint ensuite celui de sa propre mère, et même quelques jours juste avant son mariage? Pour en savoir davantage, moins sur sa mère que sur elle-même, elle doit absolument retrouver cet homme. Mais n'est-elle pas en train de vivre une sorte de ""rite de passage"" en dupliquant le cheminement maternel jusqu'à coucher à son tour avec Beau (ça ne s'invente pas!) Burroughs alias Kevin Costner, et évidemment à mettre en péril ses propres fiançailles? N'est-elle pas en train d'ajouter à sa confusion et de se perdre plus encore, et au fond de poursuivre le fantôme de sa mère décédée alors qu'elle n'avait que 9 ans?
Autant dire que la connaissance de soi n'est jamais simple et les secrets de famille souvent bien gardés. Quant à l'amour véritable, celui qui s'inscrit dans la durée, il est certainement une aventure, mais probablement moins romanesque que celles dont raffole le cinéma, d'où pour le découvrir, voire le connaître, nécessaire peut-être de renoncer aux rôles. Pour cette comédie sentimentale bien enlevée, Rob Reiner a concocté un cocktail riche d'un scénario (presque) plausible, d'excellents acteurs - dont une Shirley MacLaine qui dans son rôle de grand-mère ne boude pas son plaisir ni celui du spectateur - et, pour les cinéphiles, d'allusions visuelles et sonores teintées d'humour.
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Serge Molla