Tango

Une séduisante synthèse du mouvement et du son.

TANGO, dernier film de Carlos Saura, est construit sur une intrigue fort simple - la jalousie d'un producteur à l'endroit du réalisateur d'un spectacle fort novateur et hardi par sa mise en scène - et ne pourra décevoir personne. Carlos Saura y déploie à nouveau toute sa sensibilité et sa perception esthétique. Le spectacle qui constitue la charpente du film parvient dans sa chorégraphie parfaite du tango argentin, avec toutes ses figures et même des variantes nouvelles, et une précision sans la sécheresse mécanique qu'aurait pu induire une mise en scène aussi imposante.

Mario Suarèz (Miguel Angel Sola), metteur en scène de grand talent, a été délaissé par sa femme. Pour surmonter cette épreuve, il s'investit totalement dans la réalisation d'un film dont le tango constituera le thème. Les séances de casting lui font remarquer une jeune femme, belle et excellente danseuse, Elena Flores (Mia Maestro), qui se trouve être la maîtresse du producteur principal, Angelo Larroca (Juan Luis Galiardo). Mario Suarèz mêle intimement dans son film ses propres souvenirs aux thèmes du scénario: l'amour accepté et l'amour rejeté, un ballet tout de violence symbolisée évoquant la répression politico-militaire et la grande vague d'immigration du début du XXe siècle. Devenu rapidement amoureux d'Elena, il suscite la jalousie impitoyable d'Angelo.

On sera certainement conquis par l'extrême beauté plastique de ce film, la qualité des danseurs, la justesse des figures, et toute la somme d'excellente musique, due à Lalo Schifrin, compositeur argentin auquel on devait déjà les partitions musicales de plusieurs films nord-américains (dont MISSION IMPOSSIBLE). Dans TANGO, la musique est d'un niveau encore supérieur, et ne laissera pas indifférent.