Zaïna, cavalière de l'Atlas

Affiche Zaïna, cavalière de l'Atlas
Réalisé par Bourlem Guerdjou
Pays de production France, Allemagne
Année 2004
Durée
Genre Aventure, Drame, Romance
Distributeur Rezo Films
Acteurs Sami Bouajila, Simon Abkarian, Assaad Bouab, Aziza Nadir, Michel Favory
Age légal 10 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 516
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il y a très longtemps dans les montagnes de l'Atlas. Ainsi commence l'histoire de ZAÏNA, conte oriental au milieu de tribus berbères du XVIIIe siècle.

Zaïna, fille de 11 ans, vient de jeter une poignée de sable sur la dépouille de Selma, sa mère. La tribu lui rend un dernier hommage. L'imam s'engage à protéger l'orpheline. Avec tact, il va annoncer à Mustapha, nomade, éleveur de pur-sang du clan voisin, que la femme qu'il avait autrefois répudiée est morte, et qu'elle laisse une fille, la sienne. Mustapha doit convoyer les meilleurs chevaux et les meilleurs cavaliers à Marrakech afin de participer à la plus prestigieuse des courses de chevaux, l'Agdal. Mais avant de traverser l'Atlas, il doit récupérer cette fille dont il ignorait l'existence. Il y a une douzaine d'années, il avait en effet répudié Selma sous la pression de la tribu, car elle avait couru l'Agdal déguisée en homme.

Méfiants et tous les deux têtus, Mustapha (Sami Bouajila) et Zaïna (Aziza Nadir) s'affrontent dès les premiers regards. Révoltée par ce qui lui arrive, Zaïna met le feu aux écuries d'Omar (Simon Abkarian), riche et puissant seigneur, qu'elle tient pour responsable de la mort de sa mère. Ce que Zaïna ne sait pas, c'est que Mustapha et Omar ont été autrefois rivaux pour l'amour de sa mère. Zaïna va devoir suivre Mustapha, son père biologique. Lors de ce périple dangereux au milieu d'une nature grandiose, ils vont apprendre à se connaître et s'apprivoiser. Moments partagés où la fille va découvrir l'art traditionnel de monter un pur-sang.

Ce deuxième long métrage de Guerdjou (VIVRE AU PARADIS) nous saisit d'emblée par ses images sublimes. Tant les paysages que les personnages nous apparaissent dans une esthétique aboutie. ZAÏNA offre différents niveaux de lecture qui tous s'imbriquent, et qui en font un film captivant.

La dimension historique. Le réalisateur nous plonge dans l'univers des cavaliers et des éleveurs de chevaux, où l'honneur ainsi que la transmission de trésors culturels avaient valeur fondamentale. De plus, une touche de magie est apportée par ces pur-sang vénérés comme des dieux.

Le niveau de chemin initiatique. Celui de la jeune Zaïna quittant son enfance le jour de la mort de sa mère, et entrant dans le monde adulte, celui des hommes, en suivant son père. Chemin illustré par la traversée de l'Atlas semée de dangers et d'embûches. Le parcours est en symbiose avec les images de paysages tellement beaux et tellement rudes.

L'aspect symbolique. Tout le film se construit autour de la présence en creux de Selma. La fécondité de la mère rejaillit sur l'avènement de la paternité de Mustapha, sur l'apparition du lien filial de Zaïna. Par ailleurs, la fille va rendre à son père la dignité qu'il avait perdue. Des instants touchants et profonds entre le père et sa fille. Leurs mouvements, leurs regards, leurs silences contiennent l'émotion du film. Relevons l'interprétation remarquable des deux personnages.

L'aspect philosophique, pourrait-on dire. Zaïna nous apprend que, malgré la mort de sa mère, elle va mener à bien sa vie, et acquérir sa liberté. Que la douleur, la perte se guérissent dans l'effort, le défi. De plus, elle porte l'image de l'émancipation et de l'affirmation de soi.

Par ailleurs, chants et musiques orientales assurent un parfait dépaysement.

Entre western et épopée, ZAÏNA nous apporte oxygène et énergie, même si le dénouement nous semble quelque peu invraisemblable. C'est un conte, ne l'oublions pas. Le film a reçu le Prix du public au 58e Festival de Locarno.

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