Critique
Le romancier américain Paul Auster dont de nombreuses oeuvres ont été adaptées au cinéma - SMOKE de Wayne Wang - se lance tête baissée dans la réalisation. Il serait intéressant de se livrer à une étude comparée des deux langages d'un même créateur, celui de l'écriture et celui de la caméra.
On peut en tout cas dire ici que l'on retrouve des thèmes chers à l'écrivain qui se penche avec art sur les méandres de l'homme intérieur. Le film est parfois déroutant comme l'imaginaire et le rêve peuvent l'être. Hervé Keitel est omniprésent et donne force à l'histoire de ce musicien victime d'un attentat et dont la vie bascule. Il trouve dans la mallette d'un mystérieux cadavre une pierre magique et un numéro de téléphone. Au bout du fil, une jeune actrice dont il tombe éperdument amoureux. Qu'est-ce que cette pierre? Les questions s'accumulent sans d'autres réponses que de nouveaux mystères. La jeune femme s'en va en Irlande où elle interprétera une nouvelle version de LOULOU, le film culte de Pabst (1929).
Encouragé par Wenders, Paul Auster, à 50 ans, se risque dans une réalisation difficile aussi bien pour lui que pour le spectateur laissé à sa propre interprétation et condamné à naviguer à vue.
Maurice Terrail