Elles étaient cinq

Affiche Elles étaient cinq
Réalisé par Ghyslaine Côté
Pays de production
Année 2004
Durée
Genre Drame
Acteurs Jacinthe Laguë, Julie Deslauriers, Ingrid Falaise, Brigitte Lafleur, Noémie Yelle
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 508

Critique

"Dans une atmosphère d'insouciance et de bonheur, un drame survient. Quinze ans plus tard, Manon se souvient.

Vue aérienne sur une forêt de feuillus dense, verdoyante, intrigante, que découpe un lac paisible. Là, posée comme au milieu d'un écrin idyllique, la superbe maison où les parents de Sophie viennent passer leurs vacances et leurs week-ends. Leur fille est souvent accompagnée de ses quatre plus chères amies. ""Que la route est belle!"" chantent-elles à cœur joie dans la voiture alors qu'elles ont 7 ans. Des heures heureuses à batifoler au bord de l'eau.

Dix ans plus tard, on retrouve les cinq amies organisant leur première party dans cette maison mythique. Des adolescentes pleines de promesses, de rêves, d'espoir de trouver le grand amour. Une soirée qui s'annonce avec des étoiles plein la tête, où la liberté prend une saveur toute nouvelle: on a invité des garçons. Les cinq se préparent avec excitation. Encore quelques achats à faire au village. Manon (Jacinthe Laguë) et Sophie (Noémie Yelle) s'y rendent en auto-stop. Les invités arrivent. La soirée avance, les flirts sont délicieux. Pourquoi les deux amies ne sont-elles toujours pas rentrées? On part à leur recherche. Mais ce soir-là, c'est la découverte de l'horreur, la fin brutale de leurs rêves d'adolescentes. Manon épuise ses dernières forces pour sortir de la forêt maudite. Sophie? On lui a arraché violemment la vie.

Malgré la dispersion, les quatre amies se retrouvent quinze ans plus tard. Ont-elle souhaité revisiter ces instants infernaux? Le fait est qu'elles osent se regarder mutuellement et parler, essayant de régurgiter cette boule noire du traumatisme qui ronge l'âme. Face à la rage qui voudrait qu'on réponde à la mort par la mort, et face à la peur qui paralyse dès qu'une silhouette se superpose à l'image du meurtrier, l'enjeu consiste à savoir s'il est possible de tourner la page et de ne pas refuser le bonheur.

L'histoire se décline chronologiquement, en trois chapitres: ils sont entrecoupés d'images furtives noir-blanc qui vont devenir au fur et à mesure plus explicites et en couleurs. En rassemblant ces éclats, on obtient la reconstitution du meurtre et la condamnation, avec en parallèle les traces laissées dans le cœur de chacune. Avec des ellipses et flash-back qui distillent le suspense, l'insouciance et la légèreté des adolescentes augmentent la tension.

Dans une société où la naïveté et l'innocence conduisent au péril, la réalisatrice avoue vouloir, sans moralisme, ""poser un regard sur un sujet aussi délicat que celui des libérations conditionnelles de violents agresseurs"". Et sur ce que peut alors éprouver une victime. En quinze ans, l'agresseur a certes cheminé, il a purgé, regretté. Son acte hautement puni, mais après? En quinze ans, Manon a essayé de digérer l'indigeste. Peut-être arrive-t-elle à accepter d'être aimée par Stéphane (Sylvain Carrier), un sympathique collègue de travail, l'homme qui pourrait être celui qui rachète le traumatisme créé si profondément par un autre homme? Pas de jugement, mais une rédemption par l'amour. Un film résolument tourné du côté de la vie qui ne camoufle pas la pesanteur du drame ni n'accable l'humain quel qu'il soit."

Ancien membre