Silence (Le)

Affiche Silence (Le)
Réalisé par Orso Miret
Pays de production U.S.A.
Année 2013
Musique Kathryn Kluge, Kim Allen Kluge
Genre Drame, Historique
Acteurs Benicio Del Toro, Daniel Day-Lewis
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 507
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Ce deuxième long métrage d'Orso Miret, LE SILENCE, est imprégné des thématiques véhiculées par la culture corse. Originaire de Corse, le réalisateur sait de quoi il parle.

Olivier (Mathieu Demy) est en vacances sur l'Ile de Beauté - dans le village natal de sa mère - avec Marianne (Natacha Régnier), sa compagne enceinte de trois mois. Une parenthèse agréable ponctuée par les parties de chasse au sanglier avec les hommes du village, et les visites aux anciens de sa famille. Un jour Olivier est l'unique témoin d'un meurtre. Un cas de conscience, qui n'a rien d'intellectuel! Il est profondément partagé entre deux règles: se conformer aux coutumes ancrées dans ce pays et se taire, ou dénoncer à la police le coupable qu'il côtoie par ailleurs, au risque de se faire exclure de la communauté. Moitié corse, moitié continental, il ne tranche pas. Mais le silence devient lourd...

Dans ce film Orso Miret explore le thème du silence, mais plus encore du mutisme dont s'accommode la société corse. Olivier est venu se ressourcer sur l'île. Mais c'est la confrontation avec une (sa?) culture qui va lui poser problème. ""Ici, dans les situations graves, on communique peu ou de façon très indirecte"", dit le réalisateur. Et ""dans une bouche fermée, il n'entre pas de mouches..."" rappelle la tante d'Olivier. Un dogme! C'est comme ça! On en a pris le parti. Mais pour Olivier qui vient d'être témoin d'un meurtre, garder le silence pour rester bien avec ses potes est un choix qui le ronge et qui asphyxie aussi sa relation avec Marianne. ""Tu as changé depuis qu'on est ici"", dit-elle. Quand enfin il tente de se confier à un ami, il s'entend dire ""tu connais mal ce pays"".

La dramaturgie contamine les images. Le moindre indice prend valeur symbolique, comme la mise à mort des sangliers, le sang, l'eau, la rivière, la vie qui se prépare. Le réalisateur joue sur l'antagonisme mort/vie et fait un travail tout en finesse sur les métaphores. Par exemple, Olivier ne supporte plus la vision de ce morceau de viande de sanglier pourrissant dans sa cave: ce silence sur le meurtre lui pourrit la vie! Sa conscience prise en étau aspire à la vérité. Et le décor musical de qualité souligne ces tensions. Olivier pourra-t-il se sortir indemne de la gestion de ce silence à garder ou rompre? Un film séduisant avec une touche d'étrangeté."

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