Moustache (La)

Affiche Moustache (La)
Réalisé par Emmanuel Carrère
Pays de production France
Année 2005
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Vincent Lindon, Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Hippolyte Girardot, Cylia Malki
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 507
Bande annonce (Allociné)

Critique

L'idée est simple. Marc (Vincent Lindon) décide de raser sa moustache. Son épouse Agnès (Emmanuelle Devos) ne fait aucun commentaire. Ce soir-là, ils dînent chez des amis qui ne remarquent rien non plus. Plus grave, ses collègues de l'agence n'y voient que du feu. Marc pense d'abord que tout le monde s'est donné le mot. Mais en parlant avec Agnès, il réalise que c'est peut-être chez lui que quelque chose ne tourne pas rond.

Mieux vaut-il porter une moustache? Mieux vaut-il la raser? Ce n'est pas le propos du film. Ici, la malheureuse moustache n'est autre que le signe du symptôme, la preuve de la fissure. Qui a l'esprit troublé, celui qui ne la porte plus ou ceux qui ne l'ont jamais vue? Démontrer la fragilité du psychisme est facile, tant cette fragilité est réelle. On se croirait dans une émission de la caméra invisible.

Emmanuel Carrère adapte le livre qu'il a écrit en 1986. Il en garde la trame et ajoute à Marc le personnage de son épouse. Le point de vue est toujours celui de Marc. Comme Marc, le public ne peut que supposer les sentiments d'Agnès. Sauf qu'il a vu Marc se raser. Les certitudes ébranlées, la réalité qui chavire, il les perçoit totalement. C'est une intéressante approche psychologique.

Mais le réalisateur semble s'embrouiller avec la suite et ne trouve d'issue qu'en faisant fuir Marc à Hongkong. C'est le cheveu sur la soupe. Même si c'est là que se passent les séquences les plus troublantes. Carrère aurait pu les filmer dans un lieu plus vraisemblable. En noyant le poisson, la fin du film déçoit aussi. Mais n'enlève pas à l'ensemble un côté piquant. Cela d'autant moins que Vincent Lindon et Emmanuelle Devos donnent beaucoup de chair à leurs personnages et qu'on prend volontiers leur histoire au sérieux.

Geneviève Praplan