Critique
Casablanca, fin des année 90, à la veille des examens de bac. L'insouciance de la jeunesse dorée marocaine et tous ses excès: courses de voitures, sorties en boîtes de nuit, alcool. Beaucoup de personnages s'agitent dans MAROCK, en particulier Rita, 17 ans, qui se heurte aux traditions de son pays et ne supporte aucun interdit. En vivant une histoire d'amour avec un juif, elle va se trouver confrontée aux contradictions de son milieu, et surtout à un grand frère qui se réfère aux valeurs traditionnelles de l'islam.
Difficile de dire que ce premier film - en partie autobiographique - d'une jeune cinéaste marocaine, Laïla Marrakchi, est une pleine réussite. Disposant apparemment de gros moyens financiers, elle limite pourtant sa description de la société aux quartiers résidentiels de Casablanca et à une jeunesse pour laquelle les problèmes financiers n'existent pas. Un Maroc des privilégiés donc, sur lequel la réalisatrice pose un regard un peu complaisant, n'exprimant aucun point de vue et laissant souvent se perdre les différentes pistes de son scénario. La rencontre de Rita avec Youri, un jeune juif, aurait pu - même si aujourd'hui le cinéma s'intéresse volontiers aux problèmes interreligieux - déboucher sur une réflexion un peu plus poussée. Un sujet trop complexe sans doute, pour un film qui se veut essentiellement divertissant. Alors on bâcle les anecdotes, on fait disparaître Youri du scénario (dans un accident de voiture), et l'on ajoute enfin un post-scriptum un peu nostalgique. L'exercice n'est pas réussi, mais tout le monde passera quand même son bac...
Antoine Rochat
Le titre de ce film est trompeur. On pouvait s'attendre à une sorte de portrait en profondeur de ce royaume maghrébin dont on ne connaît que les sites touristiques. En réalité, il s'agit du portrait d'une jeunesse dorée qui vit dans les beaux quartiers résidentiels de Casablanca. Les états d'âme de ces adolescents sont sans doute les mêmes que ceux de la jeunesse dorée rencontrée chez nous et ailleurs. Les études les intéressent moins que les soirées entre copains et les courses de vitesse avec la voiture de papa.
Pour faire sérieux, la réalisatrice a assaisonné ce film sans grand intérêt d'une pointe de racisme culturel. Il ne fait pas bon être juif dans ce pays musulman. Quant au clivage entre les riches et les pauvres, on n'en parle guère. Une partie importante de la jeunesse marocaine a sans doute d'autres soucis que le flirt. Quant aux belles voitures...!
Maurice Terrail
Ancien membre