Artistes du théâtre brûlé (Les)

Affiche Artistes du théâtre brûlé (Les)
Réalisé par Rithy Panh
Pays de production France, Cambodge
Année 2005
Durée
Musique Marc Marder
Genre Documentaire, Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 504

Critique

Le cinéaste Rithy Panh n'a jamais cessé de parler du Cambodge et s'est toujours imposé de regarder en face le passé tragique de son pays. Après S21, La Machine de mort khmère rouge, où il confrontait bourreaux et victimes, il s'est intéressé aux artistes et aux comédiens de la scène qui ont survécu au génocide.

Le théâtre (de la ville de Pnom Penh) a brûlé en 1994. Perdus entre leur vocation d'entretenir, malgré les événements, la vie du théâtre traditionnel de leur pays, et la nécessité de survivre matériellement, ces hommes et ces femmes ont continué et continuent de vivre, dans des conditions extrêmement précaires, au milieu des ruines de l'édifice détruit. Ils sont si profondément marqués par l'horreur vécue à la fin des années 70 qu'ils peinent encore aujourd'hui à donner un sens à leur existence.

Entre fiction et documentaire, ce film dresse un portrait amer du Cambodge actuel, en rupture avec sa culture. Dans beaucoup de scènes très intenses Rithy Panh donne la parole à plusieurs de ces anciens comédiens. Avec Les Artistes du théâtre brûlé, nouveau témoignage sur l'histoire d'une tragédie, le cinéaste poursuit son indispensable travail de mémoire.

Antoine Rochat


Les compositeurs français du Grand Siècle (et même Ravel et d'autres) avaient l'habitude d'écrire des pièces intitulées ""tombeaux"", qui étaient en fait un hommage musical anthume - comme disait Alphonse Allais... - rendu à tel ou tel de leurs illustres confrères. A leur manière, Les Artistes du théâtre brûlé est aussi un tombeau, hommage au Cambodge d'avant les Khmers rouges et à une culture dévastée.

Décor principal: le théâtre de la capitale, qui a brûlé en février 1992, hanté par les acteurs qui en animaient la scène. Dans ces ruines envahies par la végétation à l'image de celles d'Angkor, ces hommes et ces femmes répètent leurs rôles pour rien, pour personne; pour citer l'un d'entre eux, "ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, mais pas de voix pour s'exprimer". Ils touchent comme des reliques quelques accessoires et photos sauvés du sinistre, chapeau et nez de Cyrano, et s'émeuvent devant ces souvenirs d'une gloire passée et laminée par la folie rouge.

Le voyage dans le passé s'opère par le truchement de paysages et de sentiments pudiquement évoqués, par la maquette d'un camp d'internement. Pas d'ossuaires, pas d'images-choc: la violence, très présente, est toute contenue, et parfois une larme coule sur la joue des baladins. Les séquelles des traumatismes sont suggérées par la distribution très administratives de médicaments. La mutation du Cambodge apparaît au travers de vastes chantiers portuaires et par l'allusion à un grand casino en construction à proximité du théâtre brûlé.

Une œuvre forte et pathétique, tournée dans des conditions précaires. Pas précisément le genre de film pour s'éclater un samedi soir, mais un bon moyen de mesurer l'absurdité des idéologies.

Daniel Grivel

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13
Daniel Grivel 13
Georges Blanc 14
Ancien membre 11
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 14