A History of violence

Affiche A History of violence
Réalisé par David Cronenberg
Pays de production U.S.A.
Année 2005
Durée
Musique Howard Shore
Genre Thriller
Distributeur foxwarner
Acteurs Maria Bello, Viggo Mortensen, Ed Harris, William Hurt, Ashton Holmes
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 513
Bande annonce (Allociné)

Critique

La vie tranquille d'un père de famille et des siens bascule le jour où il empêche le braquage de son restaurant. Pour sauver sa clientèle et ses collaborateurs, il abat, en état de légitime défense, les deux voleurs, des criminels recherchés. Les médias s'emparent aussitôt de l'histoire et Tom devient un véritable héros. Alors qu'il tente d'échapper à cette célébrité soudaine, il croise le chemin d'un homme étrange et menaçant qui le confond avec un ancien ennemi dont il veut se venger.

Voilà un thriller d'action dont le sujet premier n'est pas la violence, même si elle est bien présente, mais la façon dont elle influe sur les vies de chacun. A travers le parcours d'un homme qui lutte pour sauver ses proches, ce sont toutes les zones d'ombre, toutes les violences dont chacun est capable suivant les circonstances que nous découvrons. C'est d'une manière très subtile que le réalisateur tisse sa toile, comme il l'avait fait dans Spider il y a quelques années. En ne cessant de mettre en parallèle des scènes familiales harmonieuses et des apparitions menaçantes de personnages au regard mauvais ou de voitures s'approchant lentement, il entretient un climat toujours plus oppressant, tout en se fendant d'une réflexion pessimiste sur le comportement humain dont il brocarde les défaillances morales. Aucune raison de bouder notre plaisir devant ce thriller d'excellente facture.

Georges Blanc


Le film de David Cronenberg est une sorte de parabole. L'histoire d'un individu qui, essayant de tourner la page de son passé, est rattrapé par celui-ci et forcé de le regarder en face. Une démarche que pourraient faire les Etats-Unis, qui se sont construits notamment sur le massacre des Amérindiens (2 millions à l'époque de Christophe Colomb, 200'000 aujourd'hui) et sur l'esclavage.

Quand je lis un scénario, je me demande si je vais en tirer un film ou non, explique David Cronenberg. Je ne pense pas à ce que j'ai réalisé auparavant, si je vais pouvoir faire un lien avec mes autres films. Bien sûr, je suis conscient que certains thèmes m'attirent plus que d'autres. Celui de la violence, par exemple. Celui de l'identité aussi. On les retrouve dans cette dernière œuvre, qui pour autant n'est pas un film sur la violence, mais un film sur la façon dont elle peut influencer une famille ordinaire.

Attaqué dans son restaurant, Tom (Viggo Mortensen) abat deux meurtriers et sauve la vie de ses employés. Il devient aussitôt un héros et son visage s'étale dans tous les médias. Avec sa femme et ses enfants, il tente de retrouver la paix. Mais un truand de la mafia croit l'avoir reconnu et vient harceler la famille. Tom est pris dans un engrenage infernal.

A History of Violence se passe dans une petite ville de l'Indiana. Rien n'y change jamais, la monotonie y est étouffante. C'est une petite vie sans relief, mais tranquille et confortable. Pour Cronenberg, c'est justement là que tout peut arriver, que d'une heure à l'autre la routine peut être brisée par un événement que l'on n'imaginait pas. Dans ces moments-là, on ressent le besoin intense de revenir en arrière et de reprendre le fil de sa vie en faisant en sorte que les choses se passent autrement. On sent bien chez Edie (Maria Bello), l'épouse de Tom, cette oscillation entre l'avant et le maintenant.

Elle va devoir faire face. Faire face à la violence dont sa famille est menacée, cela paraît clair, simple, direct. Beaucoup plus difficile sera la nécessité de faire face au "vide" qu'est devenu son mari. Vide parce qu'Edie ne sait plus qui est réellement cet homme avec qui elle a vécu heureuse pendant plus de quinze ans: Tom, le généreux? Ou Joey, le tueur? Jack, leur fils adolescent, est confronté au même dilemme. Plutôt fragile, peu enclin à se battre, il se laisse troubler par les événements jusqu'à jouer brutalement des poings lorsqu'on le provoque. De quel père est-il le fils? Quant à Tom, où en est-il avec sa personnalité, que va-t-il faire de ce nouveau personnage dont on l'affuble? Comment peut-il défendre ce en quoi il croit?

Au bout du compte, les troubles identitaires apparaissent avec beaucoup plus de force que la violence elle-même, dans ce beau film du réalisateur canadien. Leur analyse peut être poursuivie en une deuxième lecture, celle que l'on reprend dans sa tête une fois déroulé le générique de fin. Au premier degré, la violence reste maîtresse du jeu et du suspense, c'est un film policier. Elle ne donne toutefois pas lieu à des successions intarissables de plans sanglants, de coups ou d'explosions, comme les aiment d'autres réalisateurs. Son poids est surtout donné par contraste, par le fait que la petite ville où se déroule le drame est un lieu absolument paisible. Le générique du début propose une clé. On y voit la façade d'un motel, une chaise vide rangée devant une porte dont sortent tranquillement deux hommes. Beaux plans, très sobres, sereins même. Mais on apprendra vite que, derrière cette façade calme, le pire a déjà été commis.

Geneviève Praplan

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 18
Geneviève Praplan 18
Daniel Grivel 18
Ancien membre 14
Ancien membre 14
Antoine Rochat 12
Anne-Béatrice Schwab 20
Serge Molla 16