Critique
"Sin City est une bande dessinée-culte étasunienne. Son auteur, Frank Miller, coréalisateur et scénariste du film éponyme, évoque une grande ville où péché, vice et corruption règnent. Une trêve permet la coexistence plus ou moins pacifique entre politiciens, flics, prostituées et pègre. Taillée à la hache, la bande dessinée met en scène, dans des cadrages très cinématographiques, des malabars et des beautés lascives.
Formellement, le film rend bien cet univers. Tourné dans un beau noir et blanc rehaussé ici et là d'une couleur vive, il peut éventuellement séduire du point de vue esthétique. Mais sa noirceur, son caractère ultraviolent, sa prédilection pour le sanguinolent (Quentin Tarantino figure au générique en tant que réalisateur invité) le rendent répugnant. Pas d'humour, gore et pulp - pour parler franglais - au premier degré, utilisation discutable d'une enfant (Carla Gugino, mieux à sa place dans SPY KIDS): malgré de bons acteurs, la pilule ne passe pas. Et on regrette de voir Elijah Wood (le doux hobbit Frodon du SEIGNEUR DES ANNEAUX) jouer un psychopathe cannibale.
Il paraît que SIN CITY a déjà rapporté des millions de dollars outre-Atlantique. Cela laisse rêveur sur l'intellect d'un certain public, ""nourri"" aux mamelles de la littérature en phylactères et des jeux vidéo..."
Daniel Grivel
