Critique
"C'est une Argentine désabusée que le réalisateur peint à travers quelques personnes qui deviennent amies par hasard. Sergio (Fabian Arenillas) monte dans le taxi d'Alejandro (Gabriel Fernandez Capello), le reconnaît comme un ancien camarade d'école de son frère et l'invite à manger chez lui. Alejandro accepte mais vient tout seul, Cecilia (Cecilia Biagini), son amie, vient de le quitter. L'épouse (Susana Pampin) de Sergio la prend en charge et l'emmène en cure au Brésil. Son retour est l'occasion pour Alejandro de faire la connaissance de Valeria (Valeria Bertucelli), l'hôtesse de l'air. Au groupe s'ajoutera encore Luis, rentré provisoirement du Canada, et Daniel, le promeneur de chiens. Tous deviennent amis par le jeu de la rencontre, mais surtout parce qu'ils sont profondément solitaires.
Pour cette peinture désabusée, Martin Rejtman a choisi des personnages déchus de la classe moyenne, comme tant d'autres en Argentine. Ni la vie, ni la ville n'ont grand-chose à leur offrir. Pas désespérés mais mornes, ils semblent ne rien attendre et traînent leurs journées en se laissant flotter sur les événements. ""Aider"" un voisin devient tout à coup une originalité, la seule manière de combler le vide qui les habite. Jusqu'au jour où un vrai projet pourrait se construire. Mais là encore, les calculs, les études sont faits à la va-vite. Le public, qui ne se fait plus d'illusions depuis plusieurs minutes, sait d'emblée que les protagonistes sont perdus d'avance.
Désabusé, mais pas dépourvu d'humour, le film de Rejtman pourrait jouer la carte du burlesque, en montrant la passivité de la classe moyenne lorsque le ciel lui tombe sur la tête. Mais il finit par tourner en rond aux dépens des rares éclaircies possibles."
Geneviève Praplan