Critique
"Jesús Martinéz, un employé d'une soixantaine d'années, est conduit d'urgence à l'hôpital victime d'un infarctus. A sa sortie, il se voit présenter une facture exorbitante qu'il aura d'autant plus de mal à régler que sa femme vient justement de vider son compte en banque, avant de le quitter. Pour toucher la somme que lui refuse son assureur, Jesús n'a d'autre choix que de se faire à nouveau hospitaliser, en se faisant passer pour un autre patient.
Cette comédie à l'humour noir est construite à la manière d'une sonate classique en cinq parties, chacune précédée d'une chanson de circonstance et ponctuée de sous-titres invoquant la mort, la raison et la folie. Elle reflète la frustration progressive d'un homme ordinaire aux prises avec un petit monde qui se désagrège. Ainsi s'exprime le réalisateur: ""Je pense que de placer un personnage en bonne santé dans une chambre avec des malades en phase terminale est la meilleure métaphore possible pour permettre d'aborder le sens de la vie des habitants d'un pays aussi pauvre que le mien, à l'entrée d'un nouveau siècle. Au-delà des conditions de vie difficiles s'installe un environnement de survie, d'existence au jour le jour où l'on respire l'immensité, quand la vie semble ne plus avoir de sens.""
A ce propos dénonçant un état de fait dramatique et bien réel répond cependant un film porteur d'espoir et témoignant d'un formidable appétit de vivre. Le séjour de Jesús dans le service des malades incurables sera la dernière étape d'une descente aux enfers qui préludera à une forme de résurrection.
Même si la réalisation semble parfois un peu gauche, un peu candide, même si certaines situations paraissent peu vraisemblables, ne boudons pas notre plaisir en découvrant ce film plein de charme et de nostalgie, un film dans lequel le choix de l'humour noir permet d'aborder avec bonheur le thème de la vie et de la mort."
Georges Blanc
