Istanbul Tales

Affiche Istanbul Tales
Réalisé par S. Demirdelen, K. Sabanci, U. Unal, Y. Yolcu
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 502

Critique

"Sorti un peu à la sauvette, ISTANBUL TALES vaut mieux que nombre d'autres films mieux nantis publicitairement. Cette série d'intrigues qui s'emboîtent les unes dans les autres, ces personnages que l'on suit, que l'on perd, que l'on retrouve au hasard des croisées de chemins, tout ce monde qui peut paraître au premier abord éclaté s'organise peu à peu en une structure narrative originale.

C'est une petite fille qui donne le coup d'envoi à ces quatre ou cinq histoires qui semblent sorties tout droit d'un livre de contes modernes. Rien de très clair au départ, les pistes sont nombreuses. Il y aura des affrontements, des disputes, des crimes: ISTANBUL TALES ne fait pas toujours dans la dentelle, mais tous les personnages, même s'ils sont parfois légèrement caricaturés, restent crédibles et étonnamment proches. Les réalisateurs - qui se sont mis à quatre pour réaliser ce film ""choral"" - ont choisi de jouer la carte de la comédie sociale, à coloration sentimentale ou policière, le ton restant le plus souvent léger.

Ce long métrage turc - la cinématographie du Bosphore tente actuellement de faire une percée sur nos écrans - est aussi, indirectement, un hommage à la ville d'Istanbul, vue sous un angle non touristique: ruelles sombres, petites boutiques, petits restaurants, chantier souterrain du métro, Istanbul présente ici son côté insolite. Cette composante insolite, on la retrouve aussi chez les différents protagonistes: du clarinettiste trompé par sa jeune femme au mafieux liquidé en plein repas, du vendeur de chaussures amoureux fou d'un transsexuel au soldat kurde démobilisé et confondu avec un prince ottoman, tous ces personnages hauts en couleur, représentants du haut comme du bas de l'échelle sociale, tout ce monde interlope et bigarré est finalement attachant.

ISTANBUL TALES est à lire et à prendre ""à la lettre"", comme une suite de contes tragi-comiques où l'on croise de temps à autre - et d'un conte à l'autre - quelques mêmes personnages. Le ton est celui de l'insolite, la mise en scène est habile et efficace, et la fin - cerise sur le gâteau - nous vaut une jolie note fellinienne qui n'est pas faite pour nous déplaire."

Antoine Rochat