Critique
"Beaucoup de maturité chez ce cinéaste de 70 ans au regard résolument jeune, qui boucle avec FUON une trilogie sur le thème du passage. Une jeune femme fuit Tokyo et la violence conjugale qu'elle y subit, et vient chercher à Okinawa, là où réside sa mère, du repos et l'inspiration pour savoir comment réorienter sa vie. Son jeune fils Mashahi l'accompagne et ne tarde pas à se lier d'amitié avec les enfants du lieu.
Entre alors en scène l'histoire: l'île est connue à cause des nombreux kamikazes qui jetaient leurs avions sur les navires alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le crâne de l'un d'eux a jadis été ""récupéré"" par un insulaire, puis exposé face à la mer dans une cavité rocheuse de la côte. A travers un trou causé par une balle, le vent s'engouffre et siffle, si bien que les habitants de l'île, le considérant comme un protecteur, disent qu'il pleure. Or, peu de temps après l'arrivée de la jeune femme et de son enfant, le crâne se tait, pendant plusieurs jours. Le film parle des événements qui se déroulent pendant ce mystérieux silence: la durée du passage.
Subtilement, Higashi introduit plusieurs personnages dont les trajectoires affectives s'entrecroisent. Chacun à son niveau vit une métamorphose. L'ensemble forme une toile souple et poétique où se mêlent présent et passé, enfance et vieillesse, hommes et femmes. Tout cela dans une narration sereine, ponctuée par quelques brèves bouffées de violence qui secouent le récit comme pour mieux le faire avancer.
C'est ainsi que le passé vient au secours d'un présent qui s'affole. La sagesse des vieux - ont-ils des choses à se faire pardonner? - remet de l'ordre dans un aujourd'hui trop logique qui met en péril demain. Une attrayante histoire, tout habillée de grâce et présentée en clôture, avec laquelle cette 19e édition du festival tire une fort élégante révérence."
Ancien membre
