Vache à lait noire et blanche (La)

Affiche Vache à lait noire et blanche (La)
Réalisé par Jin Yang
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 499

Critique

Premier film d'un jeune réalisateur étudiant à l'Université de Pékin, LA VACHE A LAIT NOIRE ET BLANCHE nous emmène à Yangjiagou, une province reculée de Chine, à l'écart de tout développement économique. Un village où l'on essaie de survivre, où l'on meurt du sida parce qu'on vend son sang, où l'argent fait défaut, où l'école se délabre, où l'on chante et où l'on prie lorsque les difficultés deviennent trop grandes...

A la mort de son père, Jinsheng doit arrêter ses études et rentrer au village pour subvenir aux besoins de sa grand-mère. A la demande de son oncle, responsable de la petite communauté, il est engagé comme instituteur. Son salaire? Le lait d'une vache. Mais Jinsheng est têtu, et saura s'organiser.

Si ce long métrage rappelle par moments - sur le thème de l'éducation dans le monde rural - les films de Chen Kaige (LE ROI DES ENFANTS, 1987) ou de Zhang Yimou (PAS UN DE MOINS, 1999), Jin Yang élargit néanmoins le tableau. Le système éducatif semble se désintégrer, mal soutenu par des autorités plus soucieuses de se construire des bureaux que des salles de classe pour les enfants. Dans de telles régions reculées, la vie se meurt.

Le film s'articule par chapitres, ce qui introduit une forme de distanciation. Jin Yang semble par ailleurs avoir hérité du style de narration de Hou Hsiao Hsien, à cela près qu'il en use parfois jusqu'à épuisement (plans-séquences étirés au maximum, caméra - numérique - fixe, action hors champ, utilisation des décors naturels), mais il y a là la patte indéniable d'un cinéaste. Jin Yang porte un regard attentif sur les gens, n'impose rien et laisse au spectateur - liberté devenue rare aujourd'hui - le plaisir et le soin de regarder, de choisir, de trouver la signification de cette fable parfois critique et souvent désenchantée.

Antoine Rochat