Critique
"Production brésilienne, LE DIABLE A QUATRE hésite constamment entre la comédie et une ébauche de critique sociale qui n'est finalement qu'un alibi. Le mélange ne prend jamais. Les deux protagonistes - pour autant qu'on puisse les extraire de toute une galerie de portraits ""clichés"" - ne sont guère crédibles. On peine à suivre l'inconstance de la baby-sitter Rita: tombée subitement amoureuse d'un play-boy aussi niais qu'arrogant, la voilà qui plaque tout, se lance dans une carrière d'entraîneuse et de strip-teaseuse dans une boîte de nuit interlope. Difficile aussi de s'attacher aux difficultés de l'existence d'un jeune garçon, petit colporteur vivant d'expédients (on est bien loin du petit héros de CENTRAL DO BRASIL, de Walter Salles, 1997). Et le tout est ainsi à l'avenant.
Les décors - Sao Paulo joue son rôle de capitale - font souvent cartes postales, même si l'on traverse quelques ruelles ou quartiers mal famés. De longues séquences sentent le déjà-vu: trafic de drogue, enfants des rues, profiteurs en tous genres, politicaillerie, télévision débile, police corrompue, toutes ces images qui se bousculent se présentent sans souci de hiérarchie, sans point de vue. La cinéaste Alice de Andrade ne maîtrise pas son scénario qui part dans tous les sens. Elle a beau avoir employé des ex-enfants des rues et des ex-prostituées, rien ne sonne très juste, la fin s'effiloche et part à vau-l'eau. A l'image de ces boîtes de ""shit"" perdues par un cargo et qui viennent s'échouer sur les plages de la ville."
Antoine Rochat