Bab el web

Kamel et son frère Bouzid vivent à Bab el Oued, un quartier populaire d'Alger. Si Kamel est un grand solitaire, désabusé et taciturne, Bouzid est dynamique et jovial, un mordu d'internet. Il passe son temps à "chater" avec des filles du monde entier, les invitant - sans trop y croire - à lui rendre visite à Alger. Et un jour Laurence, une jeune Française, lui annonce qu'elle accepte l'invitation: "Je débarque dans une semaine!" Et c'est évidemment le branle-bas de combat pour que la fille soit dignement accueillie.

Merzak Allouache avait réalisé Bab El Oued City en 1993 à Alger, en super 16: un format qui, dit-il, lui avait laissé un sentiment de frustration. Quelques films et une dizaine d'années plus tard, il y revient, avec une comédie tournée en cinémascope. Mais cette fois, c'est le spectateur qui risque la frustration.

Certes la description des êtres dans leur simplicité plaît. Les deux garçons sont finement croqués dans leurs petits travers respectifs, et tout le petit monde qui gravite autour d'eux dans le quotidien maghrébin est ainsi rendu attachant. Jusqu'aux deux tiers du film, la comédie - plaisante - se laisse regarder.

Puis surgissent les caïds locaux, avec un arsenal de comportements caricaturaux: la narration se détraque. Apparaissent alors, avec d'autant plus d'acuité, l'inconsistance du dialogue culturel (alors que tous les éléments étaient réunis pour réussir la mayonnaise!), la mollesse du propos et le capotage du scénario sur toute la fin du parcours.

L'interprétation de Julie Gayet reste fade. Elle traverse le film sans donner l'impression de croire une seconde à cette histoire tirée par les cheveux. A sa décharge, il lui était impossible de glaner dans ce maigre scénario le minimum de souffle qui lui eût permis de prendre de l'altitude.