Nicolas Bouvier, 22 Hospital Street

Affiche Nicolas Bouvier, 22 Hospital Street
Réalisé par Christoph Kühn
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 498

Critique

"En 1953 l'écrivain genevois Nicolas Bouvier et son ami peintre Thierry Vernet mettent le cap sur l'Asie. Durant deux ans, ils vont traverser en Fiat 500 la Turquie et l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan. Divers événements les amèneront à se séparer, puis à se retrouver à Ceylan, dans une modeste ""guesthouse"", une petite pension au 22 Hospital Street de Galle, une localité de l'extrémité sud de l'île. Après le retour en Suisse de Vernet, Nicolas Bouvier restera neuf mois à Ceylan, victime de la malaria et d'une mauvaise jaunisse, dans une chambre peuplée de scorpions, d'araignées et autres étranges insectes. L'essentiel du film relate ce mystérieux séjour, ce ""temps mort"" dont Bouvier ne parlera que beaucoup plus tard. ""On croit qu'on va faire un voyage, ajoutera-t-il, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait.""

Le film de Christoph Kühn n'est pas un documentaire, ni un portrait de l'écrivain. Il s'agit davantage d'un ""essai"", dont l'objectif semble être de retrouver des images - ou d'en recréer de nouvelles - en forme de correspondance visuelle avec les textes de l'écrivain (lus par Jean-Luc Bideau). NICOLAS BOUVIER, 22 HOSPITAL STREET est une sorte de méditation qui mêle la fiction aux documents existants (photos, fragments de films, documents actuels) et qui tente de faire vivre sur l'écran, dans une démarche toute subjective, ce qu'on peut imaginer derrière les mots. Une expérience qui n'est que partiellement réussie dans la mesure où les textes se suffisent souvent à eux-mêmes, sans appeler nécessairement de compléments visuels (traités le plus souvent avec un grain de pellicule différent, lorsqu'il s'agit de fiction renvoyant aux souvenirs, comme la rencontre de l'épicière, objet de fantasmes, ou du médecin indien). Les interventions de Floristella Vernet et d'Eliane Bouvier - épouses des deux voyageurs -, celle du médecin suisse de Kaboul, ou du patron sri lankais du ""guesthouse"", même si elles ne sont pas sans intérêt, tiennent davantage du reportage TV que du cinéma.

S'inspirant du livre de Bouvier intitulé Le poisson-scorpion (1981), le cinéaste n'a pas souhaité aller au-delà d'une paraphrase visuelle des textes lus. Mais l'originalité de quelques séquences et le soin tout particulier apporté à la bande-son font de cette approche du monde intérieur de l'écrivain - qui semble osciller entre le rêve et la réalité - un essai cinématographique intéressant et qui se regarde avec plaisir."

Antoine Rochat