Ray

Affiche Ray
Réalisé par Taylor Hackford
Pays de production U.S.A.
Année 2004
Durée
Musique Craig Armstrong, Ray Charles
Genre Biopic, Drame, Musical
Distributeur United International Pictures (UIP)
Acteurs Regina King, Jamie Foxx, Kerry Washington, Clifton Powell, Harry J. Lennix
N° cinéfeuilles 497
Bande annonce (Allociné)

Critique

Ray Charles: une légende, un mythe de la soul music. Cinquante ans de succès, une succession ininterrompue de disques d'or et de platine, une pérennité à faire pâlir Charles Trenet ou Juliette Greco (qu'on se rappelle l'apparition au Festival Paléo).

Taylor Hackford est un réalisateur-producteur à succès. OFFICIER ET GENTLEMAN, DOLORES CLAIBORNE, L'ASSOCIE DU DIABLE, c'est lui derrière la caméra; il a produit LA BAMBA, le documentaire consacré au boxeur Mohammed Ali, le portrait musical de Chuck Berry. Ici, il nous livre une biographie renversante de Ray Charles.

Le film est de facture très classique. Reconstitution soignée des décors, des costumes, des accessoires; chansons enregistrées - et réenregistrées - par Ray Charles: on s'y croirait. D'autant plus que Jamie Foxx, vedette d'un show télévisé et musicien accompli, crève l'écran, tant il ressemble à son modèle.

Les scènes d'enfance, dans le Sud profond, ont des relents de case de l'oncle Tom et de COULEUR POURPRE, mais permettent de mettre en perspective le négrillon culpabilisé pour la vie par la noyade accidentelle, sous ses yeux, de son petit frère. On comprend qu'il souhaite prendre sa revanche sur des débuts modestes. Et c'est la montée progressive vers le succès, malgré le handicap de la cécité; le mariage sacrilège du gospel avec le rythm and blues; le flirt puis l'accrochage avec l'héroïne (après son arrestation en 1965, il se soumet à une cure de désintoxication éprouvante mais efficace); le mariage avec une fille de prêcheur noir et les liaisons avec des maîtresses capricieuses.

Ray Charles, né le 23 septembre 1930 et décédé le 10 juin 2004, a été associé au tournage du film et au choix de Jamie Foxx. Cela explique probablement la consistance de sa présence dans le film; on ne peut manquer d'être impressionné par sa personnalité contrastée et généreuse. Contrastée car il oscillait entre des milieux pour le moins antinomiques; généreuse car il s'est engagé pour la cause antiraciste, refusant de donner un concert à Atlanta et offrant à sa communauté plus de 20 millions de dollars.

Le film de Taylor Hackford n'a pas le souffle de BIRD, il est davantage un beau livre d'images - et de musique -, mais il ne manque pas d'émouvoir à certains moments.

Daniel Grivel