Gerry

"Gerry et Gerry roulent dans le désert. Avant ELEPHANT Gus Van Sant avait tourné, sur un mode minimaliste, une histoire simple mais sans véritable portée. Un film dédié à l'esthétisme.

Envoûtant, photographique, étrange... et un rien ennuyeux: GERRY est une curiosité. Aussi faut-il voir ce film comme un objet d'étude, comme un travail préparatoire, une réflexion sur les limites du cinéma en matière de contemplation. Dès les premières images, Gus Van Sant pose le rythme du film avec un plan séquence de plusieurs minutes sur une voiture roulant entre désert et montagne. Magnifique au demeurant, cette scène préfigure la séquence d'ouverture de ELEPHANT. Mais là où celle-ci fait sens en posant dès l'abord un élément de l'histoire, celle-là paraît uniquement esthétique. C'est d'ailleurs là le reproche principal que l'on peut faire au film dans son ensemble: s'attacher (et de loin) davantage à la forme qu'au fond. Si l'on ajoute que le parti pris du cinéaste n'est pas réaliste, on imagine à quel point le film est conceptuel, et de quelle manière les scènes censées faire avancer quelque peu l'histoire sont surtout prétextes à de belles images. Fumisterie? On serait tenté de le penser si on envisage GERRY comme un film ""normal"": il est clair que Gus Van Sant s'est fait plaisir à explorer les pistes ouvertes par une situation si peu ordinaire et à la fois aussi prosaïque. Reste qu'en tant qu'objet d'étude, GERRY permet d'en apprendre un peu plus sur les idées fixes du réalisateur, sur ce qui le fonde."