Critique
Le réalisateur Greg Zglinski est polonais. Il vit en Suisse depuis l'âge de 10 ans mais est retourné dans son pays où il a étudié le cinéma avec Krzysztof Kieslowski. TOUT UN HIVER SANS FEU est son premier long métrage. Le scénario est signé Pierre-Pascal Rossi. Il évoque le drame vécu par Jean (excellent Aurélien Recoing), paysan des montagnes jurassiennes, qui, dans l'incendie de son étable, a vu périr tout son bétail, et surtout, sa petite fille Marie. Depuis, sa femme sombre dans la neurasthénie, les affaires vont de plus en plus mal, la faillite menace. Jean cherche alors du travail en usine. Il y rencontre d'autres tragédies, celles des Kosovars, réfugiés de la guerre. Il se lie d'amitié avec un frère (Blerim Gjoci) et surtout sa sœur (Gabriela Muskala).
Cette histoire est construite sur des idées fortes, les différentes façons de vivre ou de repousser son deuil, les souffrances croisées entre le Suisse et les Kosovars, les malentendus provoqués par les différences culturelles, les difficultés de la vie paysanne, les ambiguïtés des relations entre sœurs, au demeurant peu crédibles ici. Beaucoup, beaucoup de sujets, sans doute trop pour que tous soient exploités à fond et avec justesse. Une mise en scène qui manque de relief, des moments de silence mal choisis entre des dialogues trop simples, voilà qui n'arrange pas les choses. En revanche, Greg Zglinski donne le maximum avec sa caméra. Sa photographie est belle, ses éclairages magnifiques, et c'est souvent à travers la beauté des paysages que l'on mesure l'immensité des tragédies vécues et la promesse d'une nouvelle sérénité.
Geneviève Praplan