Aviateur (L')

Affiche Aviateur (L')
Réalisé par Martin Scorsese
Titre original Aviator
Pays de production France
Année 1980
Durée
Musique Jean-Louis Valéro
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur elitefilms
Acteurs Marie Rivière, Philippe Marlaud, Anne-Laure Meury, Mathieu Carrière, Coralie Clement
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 495
Bande annonce (Allociné)

Critique

Superbe, brillant, troublant, L'Aviateur peint une fresque du rêve américain à travers le portrait d'un inventeur de génie, Howard Hughes. Le film n'a qu'un défaut, il est trop long.

Quand il fait son entrée dans l'âge adulte, Howard Hughes (Leonardo DiCaprio) possède deux atouts, l'argent et la passion. Le premier va l'aider à satisfaire la deuxième, dévouée au cinéma et à l'aviation. Inventeur génial et risque-tout, il devient un pionnier, patron de la TWA après Charles Lindbergh. Mais l'homme est aussi un autocrate, séducteur impénitent, ami ingrat pour les plus fidèles de ses compagnons, interpellés, bousculés à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Bref, il souffre des pires défauts inhérents à son génie. Superbe, il sait se faire aimer notamment par Ava Gardner (Kate Beckinsale) et surtout Katharine Hepburn (Cate Blanchett). Alors que les premiers signes de la démence le font déjà trembler.

Martin Scorsese s'empare avec brillance du sujet, brosse un portrait prenant de ce personnage ambigu, modelé dans l'anxiété. Son élégance et sa superficialité d'abord, puis le réalisateur s'en rapproche, le cerne, en fait apparaître les failles. Les compagnons qui gravitent autour de ce héros splendide et insupportable sont déchirés par ses contradictions, son charme et son génie les retiennent. Le spectateur ressent la même chose. Comment accueillir autant de talent noyé dans autant d'irrévérence? Faudra-t-il en fin de compte excuser ce comportement par la démence? Il n'est pas facile de peindre en nuance un être aussi excessif. Et justement, l'aviateur de Scorsese n'est jamais tout noir ou tout blanc.

L'initiative du film revient à Leonardo DiCaprio, qui s'est passionné pour le personnage. Passionné au point de s'y plonger entièrement. Le résultat est à la hauteur de l'effort consenti. Howard Hughes s'incarne en lui pour rendre un peu de sa splendeur à l'homme dont les Etats-Unis se rappellent surtout la folie. Cette folie déjà présente dans les jeunes années, la vedette la joue avec finesse, tandis que la caméra se pose de moins en moins furtivement sur les tics et les symptômes. DiCaprio s'est montré décevant jusqu'à Attrappe-moi si tu peux de Spielberg. Il réussit dans L'Aviateur une composition digne de la complexité de son modèle et gagne sa pleine maturité d'acteur.

L'Aviateur couvre la période de 1920 à 1940. Pour le cinéma c'est le passage du muet au parlant, des intérieurs aux extérieurs, les débuts de la censure, les apports technologiques. Martin Scorsese en profite pour fixer des références (Howard passe de longues heures dans sa salle de projection). Grâce au numérique, il imprègne sa pellicule des tons de l'époque, avance dans le temps en modifiant sa palette de couleurs. Pourtant, les images époustouflantes se perdent dans l'ivresse du réalisateur (un accident en temps réel). Les coups de ciseaux manquent à un montage par ailleurs souvent efficace. Trop long! C'est le défaut d'un film qui veut tout montrer.

Cette réserve mise à part, Martin Scorsese dont le dossier de presse dit qu'il déteste l'avion, fait partager l'euphorie qui a dû accompagner chaque nouvel exploit. Il fait comprendre aussi, beaucoup plus discrètement, le trou noir qui grandit dans l'esprit de Howard Hughes. Génie malade, l'homme apparaît en fin de compte comme le symbole de ce rêve américain, fait de témérité, d'imagination, d'ambition démesurée autant que d'argent, de brutalité, de corruption. Ce rêve américain immense et dégénéré.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Georges Blanc 13
Daniel Grivel 16
Antoine Rochat 14
Anne-Béatrice Schwab 14
Maurice Terrail 15
Serge Molla 18
Ancien membre 16