Sous la fenêtre

Sous la fenêtre est un film inattendu, qui nous vient de Slovénie et qui possède une tonalité (slave?) toute particulière. Voilà un long métrage qui tranche heureusement, par les qualités de son écriture et par le talent de ses comédiens (tous de formation théâtrale), sur la production européenne courante.

Le réalisateur Metod Pevec (il est aussi l'auteur du scénario) s'amuse d'abord à brouiller agréablement les pistes. S'agit-il de la description des difficultés que rencontre Dusha, une jeune danseuse de 30 ans, en pleine crise existentielle? Pour elle tout va à vau-l'eau: sa liaison avec un vétérinaire marié est de celles qui périclitent, son père - elle ne l'a jamais connu - revient des Indes pour mourir à Ljubljana, et sa mère Vanda vit d'expédients amoureux (des amants trop jeunes ou trop vieux, un vrai gâchis).

Mais l'histoire change brusquement de cap le jour où Dusha découvre qu'un inconnu la suit, l'épie et la filme. On pense alors à un début de thriller, mais non, le ""voyeur"" clandestin se révèle être un jeune homme timide et embarrassé, du nom de Jasha. C'est pourtant le début d'une relation discrète et platonique, Dusha découvrant chez son admirateur un amoureux fragile qui demande à être apprivoisé.

Voilà pour le premier niveau de lecture. S'ajoutent, en contrepoint, quelques considérations amusantes du grand-père de Jasha, ancien professeur de biologie, sur la vie amoureuse des oiseaux... Sans oublier les commentaires pertinents d'un astrologue qui, régulièrement, répond par téléphone aux questions que lui pose Dusha.

Toutes ces réflexions, toutes ces trajectoires de vie se croisent, se répondent, se recoupent parfois, révélant la complexité de l'existence: les personnages ont leurs qualités et leurs défauts, tantôt ils gagnent, tantôt ils sont perdants, mais ils restent résolument tournés vers l'avenir, poussés par une force intérieure qui leur permet, comme à Dusha, de retrouver rapidement la joie après la tristesse. Tout n'est pas réussi dans Sous la fenêtre, mais le réalisateur a su - par le choix de ses images - trouver les détails qui sonnent juste et susciter par moments une réelle émotion.