Fils d'Elias (Le)

Affiche Fils d'Elias (Le)
Réalisé par Daniel Burman
Pays de production Argentine
Année 2003
Durée
Musique César Lerner
Genre Drame
Distributeur Océan Films
Acteurs Daniel Hendler, Adriana Aizemberg, Jorge d'Elia, Sergio Boris, Silvina Bosco
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 492
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une grande part d'autobiographie imprègne cette fougueuse fiction. C'est sans doute ce qui donne à ce récit surprenant sa véritable assise.

Car tout bouge et tout pétille: la caméra, toujours sur l'épaule, suit pas à pas Ariel - la trentaine triturée par un manque chronique de repères - arpentant inlassablement la petite galerie marchande du quartier juif de Buenos Aires. Il y a là une brochette de délicieux personnages qui gèrent tant bien que mal, chacun dans sa boutique, des turpitudes commerciales de plus en plus insurmontables. L'agile caméra, toujours bien placée, ne retient que l'essentiel, et nous le sert en dansant.

Au milieu du va-et-vient, Ariel se cherche, développant avec chacun une relation faite d'éclats de voix, de malicieux dialogues qui marinent dans un humour pince-sans-rire. En contrepoint, adroitement dosée, sa voix off nous décrit l'intérieur. Bondé de questions: pourquoi ce père qui abandonne sa famille et son pays pour aller vivre en Israël alors que lui, Ariel, était encore bébé? Pourquoi cette agitation insensée autour d'une réussite qui se dérobe? Intérieur hanté aussi par un sérieux désir: refaire sa vie en Europe, en Pologne plus précisément, où se trouvent ses vraies racines.

Dans cette fresque scintillante et pétulante - le spectateur est comme entraîné dans la sarabande - s'inscrivent lentement quelques traits plus appuyés: surgit l'armature. Daniel Burman révèle alors qu'il n'est pas qu'un excellent acrobate, mais encore un auteur talentueux qui nous parle - comme le ferait un ami - de deux ou trois choses profondes de l'existence: par exemple, le rôle incontournable du père pour qu'un fils puisse se trouver; ou l'inestimable valeur de la solidarité dans un monde toujours plus dur (les Argentins en savent quelque chose!) Un film passionnant, grave et léger, terriblement vivant. Grand prix du Jury et Ours d'argent pour la mise en scène au dernier Festival de Berlin.

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