Critique
J'ai un immense respect pour les humbles, les tarés, les idiots du village. Ceux qui sont en bas de l'échelle, ne savent rien et pourtant assènent de grandes vérités. Ils possèdent ce bon sens, cette intelligence qui peuvent être renversants. Ce point de vue d'Etienne Chatiliez est un bon départ. Il lui a inspiré les personnages de Christophe (Vincent Lindon) et Chrystèle (Cécile de France), pas plus éduqués l'un que l'autre et vivant tant bien que mal comme domestiques. Assez simples pour se mettre en ménage à leur première rencontre, ils cherchent désormais à s'engager en couple chez des gens riches. Ils y volent discrètement, prennent la fuite quand cela se remarque et se coulent une vie douce et pleine d'entrain. Jusqu'au jour où, par un heureux coup du sort, ils deviennent riches et engagent à leur tour.
Voici une comédie qui, lorsqu'elle émerge du comique gaulois, présente quelques moments sympathiques. L'insouciance du couple, sa façon de se tirer des difficultés sont amusantes. La diversité des caractères des riches patrons donne lieu à de jolis portraits. Mais Etienne Chatiliez ne peut pas longtemps rebondir de maison en maison, à moins d'en faire un feuilleton télévisé. Quand il rattrape son récit pour le réorienter, il le fait lourdement, de plus en plus, et termine en désastre. Il n'y a, dès lors, plus rien à sauver.
Geneviève Praplan
