Tokyo Godfathers

Affiche Tokyo Godfathers
Réalisé par Satoshi Kon
Pays de production Japon
Année 2003
Durée
Musique Keiichi Suzuki
Genre Animation, Aventure
Acteurs Toru Emori, Yoshiaki Umegaki, Aya Okamoto
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 487

Critique

"Satoshi Kon s'est inspiré de John Ford et de son THREE GODFATHERS pour réaliser ce petit bijou qu'est TOKYO GODFATHERS. Dans le film de John Ford, on voit trois cow-boys traverser le désert pour sauver le bébé d'une femme qui va mourir. Le cinéaste d'animation japonais s'approprie l'histoire mais en fait un contrepoint au western. Chez lui, ce ne sont pas de virils et héroïques cow-boys qui cherchent à sauver l'enfant, mais des anti-héros, authentiques clochards dont un travesti. La pampa éclatante de lumière et de chaleur devient la saturation urbaine de Tokyo, par de froides nuits d'hiver.

C'est Noël. Une adolescente en fugue, un ivrogne et un homosexuel qui rêve d'être mère, trouvent un enfant abandonné dans une décharge publique. Avant de le remettre à la police, ils goûtent au plaisir de le soigner et se trouvent alors pris dans une tentative d'assassinat et un enlèvement. Mais ce n'est peut-être pas le côté film policier qui importe. Au fil de leurs pérégrinations dans Tokyo, à travers surtout des aventures on ne peut plus inattendues, les trois personnages explorent leur propre vie en une douloureuse remise en question.

Le scénario effleure constamment le mélo, se reprenant à la dernière minute par un clin d'œil humoristique. Ce drame d'un enfant perdu n'est finalement rien d'autre que du cinéma, disent les clochards qui avouent n'être ""pas habitués à courir comme dans les films d'action"". Ils ne sont pas des cow-boys, eux. La distance est prise, ainsi peut-on sourire sans hésiter devant ce conte de Noël où le bébé trouvé se prend pour un Enfant Jésus. D'excellents dessins et des éclairages choisis décrivent l'envers et l'endroit de Tokyo dans un hyperréalisme qui lui sied bien. On y reconnaît cette sorte de schizophrénie si particulière aux villes japonaises qui mêlent les grandes tours de leurs secteurs d'affaires aux minuscules ruelles des quartiers traditionnels. L'animation est fluide et joue sans difficulté avec une quantité d'expressions qui feront pâlir d'envie plus d'un acteur hollywoodien. Le tout est couronné par un le dernier mouvement de la Neuvième Symphonie de Beethoven interprété tantôt par des choristes gouaillants, tantôt en version jazzy... Rien ne retient Satoshi Kon, tout lui réussit."

Geneviève Praplan