Tropical Malady

Affiche Tropical Malady
Réalisé par Apichatpong Weerasethakul
Pays de production France, Thaïlande
Année 2004
Durée
Genre Drame
Distributeur Ad Vitam
Acteurs Sakda Kaewbuadee, Banlop Lomnoi, Sirivech Jareonchon, Udom Promma, Huai Deesom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Sur fond de passion amoureuse entre un garçon de la campagne (Tong) et un jeune soldat (Keng), le film se présente en deux parties distinctes. D'abord un récit assez classique de la vie des deux jeunes Thaïlandais, puis une longue seconde partie, inattendue, quasiment muette, qui est la recherche de Tong par Keng. Le premier s'est en effet transformé (comme le veut une légende) en chaman ou en tigre, et il a disparu dans la forêt tropicale. Le film change de direction et perd alors de son intérêt, en tout cas pour un spectateur peu enclin à se laisser gagner par le fantastique et les longues recherches nocturnes dans une jungle dont l'épaisseur n'a rien à envier au caractère obscur du propos.

Apichatpong Weerasethakul - appelez-moi ""Joe"", dit-il! - est un cinéaste thaïlandais de 35 ans, dont l'œuvre est à classer du côté du cinéma expérimental. Plutôt que de raconter des histoires, il tente de traduire en images des sentiments, ""comme on écrit des poèmes, comme on peint des tableaux"" ajoute-t-il. TROPICAL MALADY, conte fantastique où se côtoient l'homme et le tigre, la proie et son prédateur, en est l'illustration. Peut-être est-il possible de retrouver une image de l'homme dans cette légende d'un guérisseur qui se transforme en tigre sauvage pour terroriser la jungle. Ou d'un chasseur qui découvrira qu'il est chassé... On touche aux frontières de l'inconscient, mais la clé de l'énigme ne sera pas fournie.

A la lenteur éprouvante du film s'ajoute encore une difficulté supplémentaire liée à notre méconnaissance d'une culture qui nous échappe. On finit par se perdre dans cette narration onirique, dans ce labyrinthe mythologique où tout se mélange, fantasmes et souvenirs, fiction et réalité. Peut-être aurait-on dû être plus attentif à la citation du romancier Ton Nakajima qui ouvre le film: ""Nous sommes tous, par nature, des bêtes sauvages. Notre devoir d'êtres humains est de devenir comme ces dompteurs qui tiennent leurs animaux sous leur coupe et les dressent même à faire des tours contraires à leur nature bestiale..."""

Antoine Rochat